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temps, les exportations ont passé de 39 millions à 117 millions. Au Japon, où les graines sont d’une valeur presque insignifiante, où les terres ne coûtent pas cher, où les plantations de mûriers sont faites en haies, où la main-d’œuvre est à très bas prix, la production de la soie peut se faire dans des conditions de bon marché qu’on ne peut atteindre en France ; aussi, malgré le déficit de la récolte, le prix du kilogramme de cocons est-il tombé de 7 francs à 5 fr. 50. — Les traités de commerce ne sont pas responsables de la maladie des vers à soie, et si l’on imposait un droit sur les soies étrangères à leur entrée en France, on nuirait à la production d’une de nos principales industries, qui n’occupe pas moins de 155,000 ouvriers et employés, qui produit une valeur de plus de 900 millions, sur lesquels elle en exporte pour près de 300 millions.

Un des produits agricoles dont l’importation est le plus considérable est le bois. Avant 1860, les bois à brûler, les bois bruts ou équarris, les sciages de chêne et de noyer étaient exempts de droits ; les sciages d’autres essences, les merrains, échalas, éclisses, payaient des droits insignifians ; les écorces à tan étaient taxées à 2 francs les 100 kilogrammes à l’entrée, mais étaient prohibées à la sortie. Les traités de commerce, en admettant tous ces produits en franchise, n’ont pu avoir une influence sensible sur les prix, en raison de la modération des droits qui les frappaient ; mais ils ont fait bénéficier la propriété forestière du mouvement qu’ils ont imprimé à la production générale du pays. Le prix des bois en effet n’a pas cessé de s’accroître, malgré l’emploi toujours plus grand du fer dans les constructions, et de la houille comme combustible. Ainsi, dans le bassin de Paris, le stère de bois de chauffage, qui, en 1860, valait sur pied environ 9 francs, se vend aujourd’hui 13 francs ; le stère de bois blanc a passé de 7 francs à 10 francs, et le stère de bois à charbon de 4 à 6 francs. La grosse charpente, qui valait 55 francs le mètre cube, se paie aujourd’hui 65 francs et au delà, suivant les dimensions et les qualités de bois. La petite charpente a peu varié ; mais les merrains et les bois d’industrie ont suivi une progression sensible. Partout où de nouvelles voies ont été créées, les produits forestiers ont vu leurs prix s’élever proportionnellement à l’importance des marchés qui s’ouvraient devant eux. Les bois des Vosges, du Jura, des Landes même, qui autrefois étaient consommés sur place et n’avaient qu’une valeur minime, sont aujourd’hui expédiés jusqu’à Paris et s’y vendent avantageusement. La substitution de la houille au bois dans les hauts-fourneaux a pendant un moment pesé sur le prix des bois à charbon, mais celui-ci a aujourd’hui repris son niveau.

C’est que la France est loin de produire le bois dont elle a besoin