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évêque de Bazas en 1166. Son père, Béraud Gardas, était seigneur d’Uzeste et de Villandraut. Son oncle Bertrand fut évêque d’Agen. Enfin, son frère aîné, Béraud, le devança dans la carrière ecclésiastique. En 1290, Béraud est archevêque de Lyon ; en 1292, il est fait par Boniface VIII cardinal évêque d’Albane ; en 1295, il est envoyé par le pape comme légat en France, avec Simon, évêque de Palestrine, pour négocier la paix entre la France et l’Angleterre.

Bertrand, qui fait le sujet de ce travail, fut ordonné prêtre à Bordeaux. On a peu de renseignemens sur ses études ; on sait seulement que ce fut à Orléans, probablement sous la direction de Pierre de La Chapelle, qu’il acquit ces connaissances de droit qui paraissent avoir été la plus solide partie de son instruction. Il étudia aussi, dit-on, les belles-lettres à Toulouse; son séjour à l’université de Bologne nous paraît moins bien établi. Il débuta par être chanoine sacriste de l’église de Bordeaux; puis il fut vicaire général de son frère, Béraud de Got, archevêque de Lyon, enfin chapelain du pape. En 1295, il est fait évêque de Comminges. En 1299, sans doute par le crédit de son frère, il est transféré à l’archevêché de Bordeaux.

Bertrand de Got n’était pas sujet du roi de France. Dans la guerre entre la France et l’Angleterre, qui eut lieu en 1295, il fut décidément du parti anglais. Un homme qui, par sa cruauté, son caractère hautain et son peu d’intelligence, suscita beaucoup d’ennemis à la France, Charles de Valois, acheva de lui inspirer une vive antipathie contre les Français. La campagne que fit Charles aux environs de Bordeaux paraît d’ailleurs avoir gravement lésé l’évêque de Comminges dans ses intérêts. Il fallait des circonstances toutes particulières pour que ce Gascon, ennemi de la France, devînt en apparence l’âme damnée du roi Philippe. Nous verrons du reste que ce ne fut là qu’une apparence, et qu’en réalité Bertrand de Got, toutes les fois qu’il fut libre, se montra l’adversaire de la dynastie qui l’avait, à l’origine, profondément froissé.

Dans la grande lutte de Philippe et de Boniface, Bertrand de Got fut de ceux qui se rangèrent le plus ouvertement du côté de la papauté. Nous trouvons son nom parmi ceux des prélats qui, bravant les menaces du roi, se rendirent, en 1302, au concile que le pape avait convoqué à Rome. Le voyage d’Italie qu’il fit à ce propos, et où il courut, à ce qu’il paraît, de grands dangers, lui laissa des souvenirs qui reviennent en différens actes de son pontificat. A Rome, il se fit beaucoup de relations et, ce semble, dans les deux partis. Sa souplesse et sa bienveillance furent remarquées. Les amitiés qui plus tard relevèrent à la papauté lui furent acquises dès ce temps.

On sait qu’après la mort de Boniface VIII le sacré collège sauva