Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 38.djvu/610

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
604
revue des deux mondes.


II.

Les bâtimens à rames, bien qu’ils aient tous incontestablement pour ancêtres les pentécontores et les trières, ont traversé quatre phases qui correspondent à des besoins différens. Au début, dans

    assis sur des bancs horizontaux, mais obliques au plan longitudinal. Chaque rameur manœuvrait sa rame, celle-ci prenant son point d’appui sur un tolet fixé à une lisse extérieure ; il y avait trois lisses servant respectivement de point d’appui, aux rames des rameurs d’en abord, puis des rameurs intermédiaires et enfin des rameurs d’en dedans. Les rames étaient inégales, mais différaient de quantités assez faibles, et la ligne réunissant les tolets d’un même groupe était parallèle à celle des bancs. Les lisses étaient séparées par un espace égal à celui qui séparait les rameurs assis sur les mêmes bancs.
    L’amiral Jurien, tout en réservant son opinion définitive, semble croire que chaque groupe de trois rameurs assis sur un banc horizontal oblique au plan longitudinal, manœuvrait une seule rame.
    Sans vouloir entrer dans une discussion approfondie, examinons la trirème dite du Parthenon et voyons quelles conclusions on peut tirer de cet examen, si on admet que, toute grossière qu’elle soit, cette ébauche a été sculptée par un homme ayant vu une trirème.
    Le bas-relief semble donner raison à l’amiral Fincati contre l’amiral Jurien. Les rames sont bien par groupes de trois ; ce qui revient à dire que chaque rameur avait sa rame.
    Les rames reposent bien sur trois lisses. Ces lisses sont situées les unes au-dessus des autres. Un seul rameur paraît et le rapprochement du rameur suivant ne semble pas permettre que trois rameurs assis sur un même banc oblique aient pu trouver place pour manœuvrer la rame supérieure et les deux rames qui paraissent au-dessous.
    Le bas-relief nous donne donc : le nombre de rames, la position des lisses et la position du premier rameur ; reste à savoir où se trouvaient les deux autres :
    Étaient-ils, comme le croit l’amiral Fincati, sur un banc oblique horizontal ?
    La considération du rapprochement des deux rameurs successifs d’en abord semble déjà s’y opposer.
    De plus, les lisses étant les unes au-dessus des autres, si les rameurs sont sur un banc horizontal, l’inclinaison des trois poignées d’aviron est forcément très inégale et alors comment admettre que ces trois rameurs aient pu manœuvrer avec ensemble, ayant des mouvemens si différens à exécuter ? Enfin une troisième considération vient encore s’opposer à l’hypothèse du banc horizontal ; c’est celle qui résulte de l’inégalité constatée des rames.
    Les rameurs étant sur un banc horizontal et les lisses placées les unes au-dessus des autres inégalement distantes du bord, de deux choses l’une : ou les rames sont égales, et alors le rameur d’en abord appuie sa rame sur la lisse extérieure, ou, si ce rameur a pour point d’appui la lisse intérieure, les rames ont forcément des différences bien plus grandes que celles qui sont accusées par les chiffres donnés. Mais dans tous les cas elles ne peuvent avoir les petites différences (1 pied et demi et 1 pied) signalées. Pour ces trois raisons, le banc horizontal oblique ne semble pas pouvoir s’adapter à la trirème du Parthénon et aux longueurs de rames conservées.
    Si on remarque dans le bas-relief que les rames sont superposées, que la distance entre les lisses est moins grande que la hauteur du buste d’un homme, ne semble-t-il