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et faire accepter cette idée avant d’être usé. A de plus habiles un jour l’exécution. Cela serait le seul moyen de former les classes intelligentes au maniement de leurs intérêts et des affaires du pays. »


La grande-duchesse Hélène au comte Kisselef[1].


«  Saint-Pétersbourg, 2/14 mars 1862.

« J’eusse beaucoup désiré que Milutine employât son temps à l’étude du rachat arrêté en principe[2]. On cherche les moyens pécuniaires pour le mettre en pratique, il faut les trouver et faire de peu quelque chose. Qu’il pense, qu’il cherche et qu’il trouve. Qu’il revienne au printemps à Paris, qu’il se lie avec les hommes de finance et qu’il retourne en Russie armé de pied en cap sur cette question. C’est la solution généralement demandée dans tout l’empire et qui naguère encore rencontrait une opposition si formidable. Encouragez Milutine dans ce travail. S’il devient ministre, c’est par là qu’il doit débuter. Devant une mesure pareille, bien préparée et bien menée, les haines tomberaient. Ajoutez à cela les états provinciaux et, avec la grâce de Dieu, on sortira vainqueur du chaos où nous nous trouvons en ce moment. Il faut produire quelque chose de positif au milieu de cette confusion générale des idées, et ce positif (sic) venant du gouvernement deviendrait l’ancre de salut autour de laquelle se grouperaient les hommes sensés et les volontés incertaines. »


La grande-duchesse Hélène au comte Kisselef,


« 18 mars 1862.

« Le congé illimité demandé par Milutine a été obtenu. On ne peut que lui donner raison dans les vues qui ont dicté sa conduite, mais pour les affaires, son absence prolongée au-delà de l’été prochain est bien regrettable.

« Le rachat obligatoire demandé par V… est tombé à plat dans le comité des finances. Les états provinciaux s’élaborent. Dans l’une et l’autre de ces questions, Milutine eût pu être bien utile, mais, je le répète, il fait bien de s’éloigner d’un champ d’action

  1. Oncle maternel de Milutine, alors ambassadeur à Paris.
  2. Il s’agit ici, croyons-nous, du rachat des terres domaniales concédées aux paysans de la couronne à l’instar de ce qui avait été fait pour les anciens serfs.