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Dresde, 24 juin.

Tout le monde que l’ancien maire s’est bien comporté. Vous pourriez lui faire intimer, à lui et à quelques autres, de rentrer, en leur donnant un délai et alors on ne les inscrirait pas sur la liste des absens. Pourtant si, lors de votre entrée, vous aviez trouvé les sénateurs en charge et que vous en eussiez fait passer cinq par les armes, cela eût été convenable ; actuellement il vaut mieux les mettre sur la liste des absens.


Dresde, 1er juillet.

Mon cousin, je vous laisse maître, si vous le jugez convenir à mes intérêts, de publier une amnistie pour ceux, bien entendu, qui seraient rentrés dans l’espace de quarante-cinq jours ; vous excepteriez de cette amnistie qui vous jugeriez convenable. La meilleure manière de punir les marchands, c’est, en effet, de les faire payer. Ce qui serait surtout bien nécessaire, c’est de vous défaire d’un tas de gens de la dernière canaille, qui ont été dans l’insurrection et qui sont plus dangereux que les gens comme il faut. Je vous laisse carte blanche sur tout cela.


Dresde, 9 juillet.

… Quant à l’amnistie, vous savez bien que je vous ai donné carte blanche. Je ne vous fais aucune difficulté à cet égard ; j’aime mieux les faire payer ; c’est la meilleure manière de les punir. Il faut chercher aussi à atteindre la canaille, et faire peser sur elle une portion de la contribution de guerre, en doublant et quadruplant la contribution personnelle, celle des portes et fenêtres, en augmentant l’octroi, en augmentant les droits sur le débit au cabaret, etc. Cela ne produira que deux « ou trois millions, mais il est convenable de frapper aussi la canaille et de lui faire voir qu’on ne la craint pas. Il faudrait l’atteindre en en prenant le plus qu’on pourra pour envoyer en France dans les troupes, et en saisissant tous les boute-feu, qu’on enverra aux galères et dans les maisons de force en France.


Mme de Blocqueville nous dit avoir tenu entre ses mains une réponse du maréchal à ces ordres de l’empereur, laquelle débutait par cette phrase : « Jamais votre majesté ne fera de moi un duc d’Albe, je briserai mon bâton de maréchal plutôt que d’obéir à des ordres dont l’empereur serait lui-même le premier à regretter l’exécution. La guerre est assez horrible sans y ajouter des cruautés inutiles. Je ne ferai fusiller personne. Je n’expédierai point les princes sous escorte. » Elle ajoute que M. Villemain, dont la merveilleuse mémoire était bien connue, ayant retenu cette lettre par