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UNE
EXCURSION A ATHENES

LES EFFETS DE LA CRISE HELLENIQUE

La Grèce traverse une crise qui exercera sur son avenir une influence décisive. A la suite des derniers événemens qui se sont produits en Orient, ses espérances trompées, ses ambitions déçues ont éveillé en elle un sentiment de dépit qui s’est traduit d’abord par un vif découragement. Peu à peu néanmoins les choses ont paru changer de face. L’homme qui s’était joué avec le plus d’ironie des illusions de la Grèce, qui les avait provoquées avec le plus d’énergie pour les dissiper ensuite avec le plus de rapidité, lord Beaconsfield, est tombé du pouvoir laissant la direction de la politique anglaise entre les mains d’un illustre philhellène, M. Gladstone. La conférence de Berlin n’a pas tardé à prouver que ce changement de personnes entraînerait un changement dans les dispositions de la diplomatie européenne envers la Grèce. C’est à peine si lord Beaconsfield consentait à céder quelques districts de la Turquie au royaume hellénique ; M. Gladstone a obtenu pour lui la cession, platonique, il est vrai, de deux provinces. Le succès était grand, du moins en apparence. Faut-il s’étonner qu’il ait grisé les Grecs ? Une race aussi hardie, aussi prompte à la confiance, aussi convaincue de la grandeur de ses destinées, devait s’enflammer immédiatement à l’idée d’obtenir, de la main de l’Europe, un agrandissement de frontières qui réalisait, qui dépassait même toutes ses prétentions. En quelques semaines, la Grèce, qui n’avait