Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 43.djvu/508

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

polychromes, frontons élégans,. etc. J’avoue cependant que j’ai peine à m’expliquer l’utilité de deux colonnes gigantesques qui s’élèvent des deux côtés des propylées et qui écrasent de leur masse l’ensemble de la construction. Des chapiteaux ioniques d’une lourdeur désagréable les surmontent. Il parait que ces chapiteaux supporteront des statues, ce qui contribuera à en augmenter le mauvais effet. Les Grecs, qui se vantent de connaître si bien l’antiquité, ont donc oublié quelle réputation s’étaient faite les Abdéritains parmi leurs ancêtres, parce que, ayant reçu une statue, ils n’avaient rien trouvé de mieux que de la placer au sommet d’une colonne ; ? Les Romains ont suivi régulièrement, plus tard, l’exemple des Abdéritains, Les Grecs modernes ne perdent pas une occasion d’en faire autant. On peut voir, en débarquant au Pirée, sur la principale place de la ville, un tout petit buste de l’Apollon du Belvédère juché sur une sorte de pyramide d’une vingtaine de mètres de hauteur. Lorsqu’on arrive à Athènes nourri des leçons de l’art ancien, les déceptions ne manquent pas. Le troisième monument moderne qui mérite d’être cité est l’Arsakion ou école des filles. Il est un peu sévère peut-être, mais d’une grandeur et d’une simplicité de lignes qu’on ne saurait trop louer. Et puis, comment se défendre d’un sentiment de profonde estime envers les Grecs, lorsqu’on songe que cet Arsakion est une sorte de lycée pour les filles, comme nous n’en avons pas, comme nous songeons à en fonder, comme nous aurons tant de peines à en acclimater chez nous ? A Athènes, on a toujours trouvé que les femmes devaient recevoir une éducation élevée, que la science était faite pour elles comme pour les hommes, que le travail était la meilleure garantie contre les entraînemens de leur âme et de leur imagination. L’université, l’académie, I’Arsakion, sont de belles et bonnes œuvres. A part cela, tous les autres monumens d’Athènes semblent n’avoir d’autre destination que de faire ressortir, par effet de contraste, l’inimitable beauté des ruines antiques. Le palais royal, construit pour le roi Othon, est le triomphe du mauvais goût allemand. Et dire que cette affreuse caserne écrase toute la ville de sa lourde masse et se voit presque d’aussi loin que le Parthénon !

Athènes se développe et grandit, chaque jour. De nouveaux quartiers y sont en construction ; les établissemens publics s’y multiplient. Lorsqu’on monte au Lycabette et qu’on contemple le merveilleux panorama de l’Attique, on est frappé de la place qu’y occupe la ville et des progrès qu’elle semble faire dans toutes les directions. Si l’on songe qu’elle a été bâtie presque tout entière depuis la proclamation de l’indépendance, il faut bien admirer la merveilleuse activité du petit peuple qui a su se créer, aussi rapidement une pareille capitale. Je ne sais cependant, si Hermopolis,