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sénat. Le bill, tel qu’il devenait loi, était fort court. Il imposait au ministre des finances d’acheter mensuellement, au prix courant du marché, de deux à quatre millions de dollars de métal argent et de faire frapper immédiatement des dollars d’argent de 412 grammes 1/2, qui seraient monnaie légale à leur valeur nominale pour l’acquittement de toutes dettes publiques ou privées. Tout détenteur d’espèces d’argent pourrait les déposer au trésor contre des certificats d’égale valeur qui ne devraient pas être inférieurs à 10 dollars. Ces certificats auraient valeur libératoire pour le paiement des droits de douane et des impôts publics et pourraient être remis en circulation par l’état après leur réception. Le président devait inviter les états membres de l’Union latine et tous autres états à se réunir en conférence avec les États-Unis afin de déterminer le rapport entre l’or et l’argent, d’introduire entre les nations l’usage de la monnaie bimétallique, et d’assurer la fixité de la valeur relative des deux métaux. Les adversaires de la mesure y avaient introduit, par voie d’amendemens, deux correctifs importans : la réception des dollars d’argent ne devait pas être obligatoire quand le paiement en une autre monnaie aurait été expressément stipulé, et le ministre des finances ne devait pas consacrer à la fois plus de cinq millions de dollars à l’achat de métal argent.

Ainsi amendé, le bill était loin de satisfaire les inflationistes, comme on nommait les partisans de l’élargissement de la circulation. Ceux-ci auraient voulu donner une tout autre extension à la fabrication de la monnaie d’argent ; ils auraient voulu surtout interdire l’introduction dans aucun contrat de toute clause excluant les paiemens en argent ou en assignats. Des bills complémentaires furent donc présentés à la chambre des représentans pour rapporter purement et simplement le Resumption Act de 1875, pour conférer aux particuliers le droit de faire monnayer l’argent en leur possession, pour rendre obligatoire pour l’état la délivrance, contre dépôt d’argent en barres, de certificats qui auraient cours légal. Ces deux derniers projets de loi auraient eu pour conséquence immédiate la conversion en espèces ou en un nouveau papier-monnaie de tout le métal que les mines des Montagnes Rocheuses auraient pu produire. Les partisans du papier-monnaie allaient encore plus loin : ils auraient voulu doubler d’un seul coup l’émission des assignats. La circulation fiduciaire des États-Unis était, à ce moment, de 700 millions de dollars, représentés pour la moitié par les assignats en cours, et pour l’autre moitié par les billets que les banques nationales étaient autorisées à émettre en proportion des dépôts qu’elles avaient effectués en