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nécessité de modifier ses calculs, il soumet au parlement des modifications (note di variazioni), et les chiffres du budget sont rectifiés en conséquence, afin de se rapprocher autant que possible d’une exactitude mathématique. Le trait le plus nouveau et le plus digne d’approbation de ce système est le mode adopté pour faire face aux besoins imprévus qui peuvent se produire dans l’intervalle des sessions, sans mettre le gouvernement dans la nécessité de convoquer les chambres et sans recourir à l’expédient déplorable des crédits extraordinaires. On inscrit au budget, sous le nom de « fonds de réserve, » deux crédits, l’un de 3 millions pour les dépenses obligatoires non prévues, et l’autre de 4 millions pour les dépenses facultatives imprévues. Si donc, dans l’intervalle de deux sessions, une condamnation est prononcée contre le fisc, ou si quelque grande calamité, des inondations, un tremblement de terre, créent soudainement des misères qu’il soit urgent de secourir, les sommes nécessaires sont prélevées sur ces fonds de réserve, dont il ne peut être disposé qu’en vertu d’ordonnances royales rendues en conseil des ministres, c’est-à-dire sous la responsabilité collective du cabinet.

Il est facile de voir que la méthode suivie en Italie pour la préparation du budget ne permet ni les incertitudes ni les graves erreurs qui sont inséparables de la méthode française : les prévisions de dépenses sont faites, en quelque sorte, la veille du jour où les dépenses doivent s’effectuer, et si quelque mécompte vient déranger les calculs ministériels, ces prévisions peuvent toujours être rectifiées en temps utile. Cet avantage, dont tous les financiers apprécieront l’importance, n’est pas le seul. L’exercice budgétaire est strictement limité à la durée de l’année : les dépenses comme les recettes doivent donc être arrêtées au 31 décembre sans qu’il soit possible de rejeter aucun compte sur l’année suivante. Grâce à l’exactitude et à la remarquable diligence que les habiles collaborateurs du ministre des finances actuel, en tête desquels il faut placer le directeur-général des contributions indirectes, M. Ellena, ont su faire entrer dans les habitudes du personnel, il est toujours possible au ministre des finances, lorsqu’il soumet au parlement, dans les premiers jours de mars, le budget définitif de l’année courante, de faire connaître exactement aux représentans du pays comment s’est réglé le budget de l’année qui a pris fin le 31 décembre précédent, comment se présente la situation financière pour le nouvel exercice et quel est le chiffre des recettes effectuées dans les deux premiers mois de l’année. Le règlement définitif des budgets ne subit donc aucun retard : la cour des comptes italienne a terminé sa tâche avant que la nôtre ait pu commencer la sienne, et aucune session ne se termine sans que le parlement