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Bref, en sa charité suprême,
Sans défaillance, sans ennui,
Vivant en lui, par lui, pour lui
Jusqu’à s’oublier elle-même.

À ce moment, rouge de feux,
Le soleil, se couchant dans l’onde,
Vient colorer sa tête blonde
Et se jouer dans ses cheveux,

Si bien que sous cette auréole
On dirait, descendant du ciel,
Quelque vierge de Raphaël
Qui tient l’enfant et le console.

Et je pensais par devers moi
Devant ce tableau tout intime :
« Providence ! ô mère sublime !
Combien admirable est ta loi !

Loin de ces êtres qu’elle adore
La mère s’en va pour jamais…
Mais en sa fille tu permets
Qu’elle puisse exister encore !

Près de ce pauvre enfant chétif
Que la crainte de vivre assiège
Tu mets, afin qu’il le protège,
Ce jeune gardien attentif,

Et tu voulus, dans ta clémence,
Que, pour veiller au bord du nid,
En cet ange blond qui finit
Fût une mère qui commence ! »


Jacques Normand.