Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 52.djvu/790

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur activité et ne combattaient plus le terrible fléau avec la même énergie. Mais le mal pouvait se réparer ; avec un redoublement d’efforts, il était possible de rendre encore ces terres habitables, et comme elles sont fertiles et riantes, qu’elles attirent le cultivateur par leur richesse, il y retourne courageusement, il se remet à l’ouvrage toutes les fois que la situation politique devient meilleure et qu’il a l’espoir de jouir en paix du fruit de ses peines. M. Noël des Vergers fait remarquer que l’Étrurie, qui paraissait épuisée vers la fin de la république romaine, se ranime brusquement sous l’empire. Les campagnes se repeuplent alors, les villes se relèvent. Properce disait que de son temps, au commencement du règne d’Auguste, le pâtre menait ses troupeaux sur les ruines de Véies. Sous les successeurs d’Auguste, Véies redevient un municipe important qui nous révèle son existence par des inscriptions curieuses. Strabon mentionne Fidènes parmi ces anciennes cités de l’Étrurie que la guerre a détruites et qui sont devenues de simples propriétés particulières. Du temps de Tibère, Fidènes est de nouveau une ville importante qui donne des jeux où tous les voisins accourent, et Tacite raconte que, dans une de ces fêtes, la chute d’un amphithéâtre fit périr ou blessa plus de cinquante mille personnes. Voilà des résurrections bien rapides ! Mais, quelque temps après, quand viennent les mauvais jours de l’empire, les révolutions intérieures, les désastres de l’invasion, la côte maritime de l’Étrurie se dépeuple de nouveau. Le Gaulois Rutilius Namatianus, qui passa le long de ces rivages pour retourner de Rome chez lui, les trouva déserts. Il n’aperçut sur son chemin que des campagnes dépeuplées par la fièvre et des villes abandonnées. « Que l’homme ne se plaigne pas de la mort, disait-il en regardant l’antique Populonia, dont les monumens jonchaient le sol : voici des exemples qui nous apprennent que les villes aussi peuvent mourir ! »

C’est alors que Tarquinies, à la suite de catastrophes que nous connaissons mal, fut désertée par ses habitans. Aujourd’hui, la végétation a recouvert le peu qui reste de la vieille ville ; de loin, on n’en aperçoit aucun vestige : il faut parcourir la colline où elle était bâtie, écarter l’herbe avec soin pour retrouver quelques substructions de murailles ou quelques pierres écroulées. Pourquoi la ville abandonnée s’est-elle transportée de l’autre côté de la plaine ? Quelle raison pouvait-elle avoir de se mettre sur la colline voisine ? On l’ignore ; mais dans cet emplacement nouveau elle a jeté quelque éclat au moyen âge. On montre à Corneto quelques beaux monumens de cette époque, surtout une église romane, Santa-Maria in Castello, qui n’a pas été gâtée par des restaurations maladroites, ce qui est assez rare en Italie. Comme elle ne sert plus au culte, elle échappe