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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 août.

La France a vu depuis des années tant de scènes diverses se dérouler sous ses yeux ; elle a vu passer tant de révolutions et de péripéties de toute sorte, tant de gouvernemens et de pseudo-gouvernemens qu’elle finit par rester assez indifférente, assez sceptique, devant cette représentation qui recommence sans cesse. : Elle a reçu, l’autre jour, sans beaucoup de surprise, surtout sans grande émotion, ce vote à la fois unanime et énigmatique qui, en renversant un ministère, a ouvert du même coup une crise nouvelle. Le dernier ministère est tombé, on pouvait le prévoir ; le vote qui a précipité sa chute, quel qu’en fût le prétexte, n’était, après tout, pour lui que la fin d’une existence graduellement amoindrie. Refaire un cabinet dans ces conditions, dans le pêle-mêle des partis, à la veille des vacances et au moment où les plus graves affaires s’agitent en Europe, voilà la difficulté ! I La France a une fois de plus assisté à cette comédie des négociations stériles, des combinaisons bizarres, des compétitions affairées, — et cela n’a pas duré moins de huit jours, juste de quoi donner de l’occupation à M. le président de la république et lui faire gagner les vacances qui lui sont bien dues comme récompense d’un si grand travail !

L’œuvre a été laborieuse, en effet, quoique peu émouvante pour les spectateurs. Tout a été essayé pendant ces quelques jours, et les péripéties n’ont pas manqué avant le dénoûment qui, selon toute apparence, n’est lui-même qu’un expédient de plus. Pouvait-on tenter de remettre sur pied l’ancien cabinet remanié et recomposé ? fallait-il chercher dans la majorité incohérente du 29 juillet les élémens d’un ministère nouveau représentant au pouvoir une politique nouvelle ? se contenterait-on, au contraire, d’un cabinet de circonstance plus ou