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moins insignifiant, chargé d’un intérim de quelques mois, provisoirement préposé à l’expédition des affaires ? Toutes ces combinaisons paraissent avoir été tour à tour essayées, abandonnées ou reprises. On s’est adressé à M. le président de la chambre des députés qui, par sa position, semblerait être le personnage le plus naturellement désigné pour dénouer une crise parlementaire ; mais M. le président Brisson, instruit par l’exemple de son prédécesseur M. Gambetta, n’a pas voulu quitter le Palais-Bourbon, où il se trouve bien, pour une présidence du conseil qu’il n’aurait peut-être pas gardée longtemps, et il s’est refusé obstinément à tenter l’aventure ; il se serait mis du premier coup en dehors des chefs de cabinet possibles à l’heure qu’il est, en se montrant favorable à une politique extérieure plus active et au vote du scrutin de liste comme préliminaire d’une dissolution de la chambre. Au fond, M. Brisson est de ceux qui se réservent. On s’est tourné vers le dernier ministre de l’instruction publique, M. Jules Ferry ; mais, à part bien d’autres raisons qui auraient pu susciter des difficultés immédiates devant le parlement, c’eût été, en vérité, une singulière fortune pour M. Jules Ferry de prendre deux fois en deux ans la place de M. de Freycinet à la présidence du conseil. On s’est adressé aussi à un sénateur qui a été avocat, magistrat, sans être jamais sorti d’une modeste obscurité, M. Leblond ; mais M. Leblond n’a été qu’une apparition ; il n’a fait que passer, sa candidature s’est évanouie ! Que n’a-t-on pas essayé ? On paraît même un jour avoir imaginé, pour se tirer d’embarras ou pour égayer l’opinion, d’élever M. Tirard au poste de président du conseil. On a voulu avoir pour ministre des affaires étrangères, tantôt le directeur politique, M. Decrais, tantôt notre ambassadeur à Berlin, M. de Courcel, qui n’a pas été disposé à recueillir l’héritage de M. de Freycinet dans un pareil moment, — et peut-être même y a-t-il eu un jour, une heure où, en désespoir de cause, on a songé à M. le général Billot pour la direction de notre diplomatie ! M. le président de la république a passé nue semaine à chercher, et la chambre a passé son temps à attendre, lorsque tout a fini par un ministère que M. Eugène Duclerc a formé avec quelques-uns des membres de l’ancien cabinet et quelques hommes nouveaux. Ainsi M. l’amiral Jauréguiberry n’a pas cessé d’être ministre de la marine, de même que M. le général Billot reste ministre de la guerre ; M. de Mahy est toujours un bienveillant et inoffensif ministre de l’agriculture. M. Tirard a de l’avancement ; s’il n’arrive pas pour cette fois à la présidence du conseil, il passe au ministère des finances, où il va trouver le budget et les traditions de M. Léon Say. D’un autre côté, M. Paul Devès devient garde des sceaux, et un des orateurs de l’Union républicaine, M. Pierre Legrand, entre au ministère du commerce ; M. Fallières est ministre de l’intérieur, et un professeur, M. Duvaux, est le