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expédie aux côtes anglaises. Au contraire, la côte atlantique des États-Unis est admirablement située pour être avertie à temps de l’approche d’un danger qui vient de l’ouest, car les dépêches que reçoit le Bureau central de Washington permettent souvent de suivre un tourbillon, pour ainsi dire, d’étape en étape pendant sept ou huit jours avant le moment où la côte peut être menacée. Aussi n’a-t-on pas hésité, aux États-Unis, à donner à la télégraphie météorologique un développement en rapport avec les services qu’elle est appelée à rendre. La subvention que le gouvernement accorde au Signal Service s’élève à 1,200,000 francs par an, tandis que les fonds dont dispose le Meteorological Office de Londres ne dépassent pas (ou du moins ne dépassaient pas il y a quelques années) 250,000 francs.

Le Signal Service, qui a été organisé par le général Albert Myer, dépend du ministère de la guerre ; il est confié au corps des officiers et soldats de la télégraphié militaire. Le nombre des stations disséminées sur le vaste territoire de l’Union est de plus de cent, auxquelles s’ajoutent les dix-sept stations du Canada ; les observations sont envoyées à Washington trois fois par jour. « Le réseau a été si bien combiné, nous disent les auteurs d’une intéressante monographie[1], qu’environ une heure après le moment où l’observation a été faite, une station quelconque connaît les données de toutes les autres. L’observatoire central les résume au moyen de courbes en une carte du temps qui est rapidement décalquée et envoyée dans les ports et les centres de population où leur connaissance peut être utile. Les probabilités qui résultent de l’observation de onze heures du soir arrivent à temps pour être publiées pour tout le pays dans les journaux du matin et affichées dans les plus petites villes avant dix heures du matin. » Les pronostics sont toujours accompagnés d’un résumé des caractères principaux du temps et de quelques indications propres à initiée le public à l’esprit de la méthode par laquelle on arrive à ces résultats. C’est le meilleur moyen d’intéresser la foule à ces travaux et de former des adeptes. Chaque année, le Signal Service publie, en outre, un rapport d’ensemble sur les phénomènes météorologiques de l’année, où l’on trouve notamment de précieux détails concernant les trombes, tornades et cyclones.

Pendant que la télégraphie météorologique se développait ainsi en Angleterre, en Amérique, en Hollande, où M. Buys-Ballot organisait à son tour un réseau ayant Utrecht pour centre, elle ne restait point stationnaire en France. Le Verrier avait compris de bonne heure l’utilité des dépêches quotidiennes au double point de vue

  1. Trombes et Cyclones, par MM. Zurcher et Mirgollé ; Paris, Hachette.