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de la sécurité des marins et de l’étude suivie des phénomènes. Peu de temps après qu’il eut repris la direction de l’Observatoire, dont il était resté éloigné pendant quelques années, il obtint même que la dépêche détaillée de midi fût complétée par une seconde dépêche expédiée vers sept heures du soir, qui devait être particulièrement utile aux bateaux pêcheurs. — On sait que les sémaphores dont nos côtes sont garnies ont des signaux qu’ils doivent hisser à leurs mâts suivant la teneur des dépêches. Un cylindre noir qui reste en vue pendant vingt-quatre heures avertit les marins de l’approche d’une tempête. Un temps douteux au large est indiqué par un pavillon ; le mauvais temps, la mer grosse et une baisse marquée du baromètre, par un guidon ; une flamme annonce que le temps s’améliore. En outre, on affiche dans les ports la carte synoptique du Bulletin international.

C’est en 1876 qu’une nouvelle extension fut donnée au service météorologique en vue de son application aux besoins de l’agriculture. On conçoit que les avertissemens destinés à nos campagnes diffèrent beaucoup de ceux que réclament les populations maritimes. Tandis que les marins ont surtout besoin de connaître la force et la direction du vent, les agriculteurs ont intérêt à être prévenus de l’arrivée des orages et de la chute des pluies. « Le service agricole, disait une circulaire de Le Verrier, ne peut pas consister en des avis absolus envoyés par l’Observatoire de Paris ; il est indispensable que les avertissemens généraux qui sont expédiés aux chefs-lieux des départemens y soient commentés par les commissions météorologiques, en tenant compte des circonstances locales et d’une étude attentive, particulière aux différentes contrées. » Cette étude doit porter plus spécialement sur la marche des orages, la fréquence des grêles, les gelées tardives de printemps, les inondations, etc. Les premiers avertissemens agricoles furent transmis, en 1876, à titre d’essai, dans trois départemens seulement : le Puy-de-Dôme, l’Allier et la Vienne. Les résultats obtenus dans cette première campagne furent assez encourageans pour qu’on s’empressât de généraliser la mesure, et, à l’heure qu’il est, le service fonctionne dans tous les départemens.

La centralisation, à l’Observatoire de Paris, du service qui prenait peu à peu d’aussi vastes proportions avait cependant ses inconvéniens qui frappaient tous les yeux, et se conciliait mal avec les devoirs multiples imposés aux fonctionnaires de cet établissement, C’est sans doute cette considération qui a motivé, en 1871, la création d’un observatoire météorologique indépendant à Montsouris, dont la direction rat d’abord confiée à une commission présidée par M. Charles Sainte-Claire-Deville. Au mois de juin 1872, l’établissement de Montsouris fut rattaché à l’Observatoire de Paris et chargé,