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DANS LE MONDE




DEUXIÈME PARTIE[1].




VI.

Mars allait finir. On était en plein carême, — la saison des exercices pieux, lesquels ne font pas aux autres tout le tort qu’on pourrait croire. Madeleine, qui n’allait pas à l’église uniquement par convenance et éprouvait, de loin en loin, un revenez-y de dévotion, suivait avec une assiduité de bon ton les conférences pour dames du père Olanier, franciscain de mérite, qui tenait la chaire de Sainte-Clotilde et ne paraissait pas vouloir la lâcher avant d’avoir vidé sur son public de mondaines le sac plein de vérités un peu crues qu’il avait apporté. Ce prédicateur apprécié, qui savait procurer aux femmes l’ineffable jouissance de rougir pour le bon motif, appelait un chat un chat, — quand il ne trouvait pas d’appellation plus pittoresque. Aussi les conférences sur la Femme chrétienne étaient-elles en grande faveur dans tout le faubourg ; on passait même l’eau pour venir les entendre. Roger, lui, était venu plusieurs fois tout exprès de Versailles, bien qu’il ne semblât pas qu’il dût rien y avoir, dans ces pieuses instructions, qui fût particulièrement à l’usage des dragons. Il y trouva pourtant ce qu’il ne cherchait pas : l’explication d’un singulier phénomène dont son être était, depuis peu, le théâtre.

  1. Voyez la Revue du 15 octobre