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avoir son bassin océanique, dont il dépend. Je comprendrai désormais sous le titre de bassin hydrologique l’ensemble de tous les versans qui déversent leurs eaux dans son artère principale prolongée jusqu’à l’océan ou qui les y déverseraient si les eaux pluviales, accidentellement trop peu abondantes, le devenaient assez pour remplir et faire déverser par-dessus leurs seuils de séparation toutes les cuvettes ou dépressions intermédiaires. Cette définition n’a rien d’arbitraire. Elle est nette et précise ; mais, par-dessus tout, elle est naturelle ; car elle conserve aux diverses régions du globe leurs limites caractéristiques.

Toutefois cette règle n’est pas toujours sans quelques exceptions. Ainsi que nous l’avons vu à propos du Danube, le bassin hydrologique doit parfois se distinguer de ce que nous pourrions appeler le bassin géographique, qui, dans son acception la plus générale, ne saurait s’arrêter à des bornes fictives qu’un accident atmosphérique ou le caprice de l’homme pourrait déplacer. Il doit être circonscrit par des limites invariables, orographiquement déterminé par les plus hautes saillies du globe, groupant en un même tout des régions distinctes, mais qui dans leur ensemble constituent un milieu assez homogène pour que certaines races d’hommes aient pu s’y développer dans des conditions uniformes de vie sociale.


II.

Le climat, plus encore que le relief du sol, contribue à différencier ces conditions générales du développement de la vie animale à la surface du globe.

Depuis les origines de la géographie, depuis les temps d’Ératosthène et de Ptolémée, on a conservé l’habitude de diviser chaque hémisphère terrestre en trois zones de climats, zones torrides, tempérées et glaciales, séparées par les tropiques et les cercles polaires. Bien que les lignes isothermiques soient loin de correspondre aux parallèles terrestres, cette division pourrait être, à la rigueur, admissible, si les climats ne devaient se distinguer que par la température moyenne subordonnée à la quantité de chaleur annuellement reçue du soleil. Mais il est deux autres élémens qui, bien plus que la température moyenne, différencient les climats : la répartition des eaux pluviales et surtout l’évaporation à la surface du sol. Ces deux élémens qui, par leur ensemble, constituent l’état hygrométrique de la superficie terrestre et de l’atmosphère ambiante ne sauraient être confondus. Ainsi, pour ne citer qu’un exemple, la Hollande peut être considérée comme un type de climat humide, l’Algérie de climat sec, bien qu’il tombe peut-être deux fois plus d’eau pluviale dans la seconde contrée que dans la première.