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Diverses circonstances, les unes locales, les autres générales, influent sur la répartition des pluies et l’intensité relative de l’évaporation. Ce double phénomène est intimement lié à la direction dominante des vents, régie elle-même par de grandes lois physiques dépendant de la rotation de notre planète sur son axe et de son évolution autour du soleil.

Pour simplifier l’exposé de ces grandes lois, ou, pour mieux dire, en indiquer nettement le principe, faisons pour un moment abstraction de l’inégalité des saisons, en même temps que de la répartition des mers et des continens. Admettons que le globe soit uniformément recouvert d’un seul et même océan, que, de plus, le soleil reste toujours dans le plan de l’équateur. Les masses gazeuses, constamment surchauffées par l’excès de chaleur reçue au voisinage de l’équateur, se dilateront et, devenues plus légères, s’élèveront verticalement, comprimées et remplacées à mesure par l’air des couches latérales. Il s’établira ainsi dans chaque hémisphère un mouvement circulatoire qui, considéré sur un même méridien, ira du pôle à l’équateur dans sa branche inférieure, de l’équateur au pôle dans sa branche supérieure. On sait d’ailleurs que ces deux directions méridiennes sont modifiées par le mouvement de rotation diurne, qui incline vers l’ouest le courant ou alizé inférieur, vers l’est le courant ou alizé supérieur.

Négligeant ce détail d’obliquité, continuons à considérer le mouvement circulatoire comme se produisant dans le plan du méridien, suivant une courbe présentant deux branches verticales[1], l’une

  1. Dans la remarquable étude qu’il a récemment consacrée à la météorologie (Revue du 1er novembre), M. Radau rappelle, sans plus s’y arrêter qu’elle ne le mérite, une objection faite à la théorie du courant circulatoire. Plusieurs physiciens s’étonnent qu’on n’ait jamais pu constater directement l’existence du courant ascensionnel sous les tropiques ; M Faye, en particulier, voudrait qu’il fût de force à redresser verticalement les banderoles pendantes des navires. L’inexactitude de cette conclusion provient du point de départ, de l’assimilation qu’on a faite de ce courant ascensionnel au tirage d’une étroite cheminée aspirant brusquement à angle droit l’ensemble des couches d’air inférieures d’une vaste usine. Il serait beaucoup plus juste de prendre pour terme de comparaison le mouvement qui se produit dans un étroit couloir horizontal débouchant librement dans deux masses d’air de température différente, dans le tunnel du Mont-Cenis, par exemple, dont, si je ne me trompe, on est obligé de fermer la porte d’entrée pour atténuer la vitesse du courant d’air.
    La section du courant polaire horizontal de l’alizé inférieur, mesurée verticalement, ne saurait dépasser 3,000 mètres, puisqu’on a constaté la présence de l’alizé supérieur sur le pic de Ténériffe. faire de la cheminée d’appel de la branche verticale embrasse probablement plusieurs degrés de latitude sur un même méridien ; en n’en comptant qu’un seul, sa section, mesurée horizontalement, dépasserait, 110,000 mètres. Les vitesses du courant devant être en raison inverse des sections, un courant ascensionnel de 1 métré par seconde équilibrerait un ouragan horizontal de 30 à 40 mètres, et encore cette vitesse ascensionnelle, trop faible pour être mesurée directement, ne serait-elle franchement verticale qu’à une altitude de 1,000 à 1,500 mètres. Sa composante irait en diminuant en se rapprochant du sol. Elle serait nulle à la surface, où doit se trouver une zone de calme absolu accidentée seulement par les tourbillons et les cyclones provenant du remous.