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ascendante près l’équateur, l’autre descendante vers le cercle polaire et deux longues branches horizontales, parcourues par des courans de sens inverses, que j’appellerai courant polaire et courant équatorial, suivant qu’ils se dirigent vers l’équateur dans la branche inférieure, vers le pôle dans la branche supérieure. Isolant par la pensée l’air en mouvement de la masse d’air ambiant qu’il traverse, admettons, en outre, que ces deux masses gazeuses se maintiennent constamment à l’état de complète saturation hygrométrique, ce qui ne saurait manquer de se produire au contact d’un océan que nous avons supposé général. On sait que ce degré de saturation n’est pas proportionné à la température, mais croît beaucoup plus rapidement qu’elle. Toutes les fois que deux masses d’air saturées à diverses températures se mélangent ou, ce qui revient au même, mais est plus conforme à notre hypothèse, équilibrent leur température, il y a condensation de vapeur et précipitation d’eau pluviale.

Comme première conclusion, nous voyons d’abord qu’il y aura double précipitation de pluie suivant les deux branches verticales : l’une, plus considérable, provenant du refroidissement direct de la branche ascendante à l’équateur ; l’autre du refroidissement de l’air ambiant par la branche descendante au cercle polaire.

Ces principes sont connus depuis longtemps et servent de point de départ à tous les traités de météorologie ; mais ce qui ne me paraît pas avoir été aussi bien reconnu ou tout au moins assez nettement signalé, c’est ce qui théoriquement doit se produire sur les deux branches horizontales du courant de circulation. Raisonnant comme s’il s’agissait d’un appareil distillatoire qui aurait sa chaudière à l’équateur, son condenseur près des pôles, la plupart des auteurs qui ont traité ce sujet, négligent complètement les points intermédiaires.

En allant du pôle à l’équateur, la branche inférieure que j’ai appelée courant polaire, traversant au ras de la mer des parallèles de plus en plus chauds, produira une évaporation nécessaire pour maintenir son état de complète saturation ; elle entraînera avec elle un surcroît de vapeur d’eau qu’elle ira apporter à la colonne verticale d’ascension. La branche supérieure ou courant équatorial traversant, au contraire, à hauteur égale, un milieu de plus en plus froid, se déchargera progressivement dans sa marche d’une partie de sa vapeur d’eau. Absorption de vapeur par le courant polaire, précipitation d’eau par le courant équatorial ; vent desséchant à la surface terrestre, vent humide dans les hautes régions de l’atmosphère,