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question de parure. On ne peut s’empêcher de songer aux profondes et plaisantes considérations qu’inspire à Ch. Darwin le spectacle de riches plumages et des ornemens. parfois gênans, par l’étalage desquels les animaux cherchent à se faire distinguer, aidant ainsi inconsciemment les desseins de la nature en fait de sélection.


III

La maison, elle aussi, est comme un vaste et ample vêtement, destiné à régler nos rapports avec le milieu ambiant, à nous affranchir de sa tyrannie, mais nullement à nous en isoler. Elle ne doit pas, ou plutôt, — car on l’oublie trop souvent ! — elle ne devrait pas nous priver d’air. Heureusement il n’est pas de prison volontaire si bien calfeutrée où l’air du dehors ne trouve accès à notre insu.

Le fait que l’eau pénètre facilement à travers un mur ou un plafond est connu de tout le monde : les taches qui se forment nous en avertissent suffisamment. Mais l’air qui traverse les murs ne se voit pas, et l’on se figure volontiers que rien ne passe au travers. C’est une erreur : les murs ne nous empêchent pas de rester en communication avec l’air extérieur, même en faisant abstraction des jointures des portes et des fenêtres par lesquelles s’introduisent continuellement des courans. Pourquoi d’ailleurs un gaz subtil ne passerait-il pas où l’eau trouve un chemin ? Disons-le tout de suite, cette porosité des murs n’est pas un mal, loin de là ; nous verrons qu’elle est nécessaire pour empêcher l’humidité des habitations.

Une expérience fort simple peut servir à mettre en évidence la perméabilité des matériaux de construction. M. Pettenkofer prend un cylindre de mortier sec, long de 0m,12 et de 0m,04 de diamètre, enduit de cire partout, sauf sur les deux bases circulaires, où sont mastiqués deux entonnoirs de verre, l’un prolongé par un tube de caoutchouc, l’autre terminé par un orifice très fin. En soufflant par le tube, on chasse l’air à travers le cylindre et l’on parvient à éteindre une bougie placée à l’autre extrémité. Dans cette expérience, l’air qui sort de la dernière tranche du cylindre est concentré dans le canal étroit de l’entonnoir, et sa vitesse s’en accroît. L’expérience peut être variée comme il suit. Sur une base inaccessible à l’air, on construit, avec des briques et du mortier un segment de mur dont les parois antérieure et postérieure sont revêtues d’une plaque de tôle percée d’une ouverture où s’insère un tube, tandis que les trois côtés étroits reçoivent un enduit imperméable ; si l’on souffle dans l’un des deux tubes, il s’échappe de l’autre un courant d’air. Le même résultat s’obtient avec du bois et diverses espèces de pierres qui se laissent traverser par l’air sans difficulté ; d’autres, au contraire, comme les calcaires compacts,