Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 58.djvu/425

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont à peine perméables. Il est vrai que, dans les murs construits en moellons calcaires, le mortier entre pour une plus forte proportion (1/3) que dans les murs construits en briques (1/5 ou 1/6), ce qui rétablit un peu l’équilibre. En thèse générale, il faut d’autant plus de mortier que les pierres sont moins régulières de forme, et les moins régulières sont aussi les moins poreuses.

Mouillés, tous ces matériaux deviennent imperméables à l’air. L’expérience du cylindre de mortier ne réussit plus quand le mortier a été humecté par aspiration en plongeant l’orifice de l’entonnoir libre dans l’eau. On constate aussi qu’il est beaucoup moins aisé de chasser l’eau à travers les briques et le mortier que d’y faire passer l’air ; à peine réussit-on à faire apparaître à la surface libre quelques gouttes du liquide. L’eau n’est donc pas facile à déloger des pores qu’elle a envahis ; elle n’en sort que très lentement, par évaporation. Or, tant qu’elle bouche les pores, elle empêche l’air d’y circuler, et cette influence fâcheuse de l’humidité sur la perméabilité des divers matériaux de construction est d’autant plus sensible que leur grain est plus serré et plus fin ; c’est une remarque que nous avons déjà pu faire à propos des étoffes. Les murs humides se laissent donc difficilement traverser par l’air, et M. Märker a trouvé qu’il suffisait d’un jour de pluie pour diminuer d’une manière frappante les coefficiens de porosité.

En temps ordinaire, et lorsqu’ils sont bien secs, les murs transpirent ; ils sont incessamment traversés par de faibles courans qui renouvellent l’air des chambres fermées et le débarrassent de l’humidité dont il est chargé. L’atmosphère d’une maison est saturée de vapeur par la respiration et la transpiration des habitans, par l’eau qui est journellement employée dans les ménages, sans compter la rosée qui se dépose partout lorsque un air tiède pénètre du dehors dans les chambres restées froides. Cette humidité qui renaît sans cesse, les murs doivent l’absorber pour la laisser évaporer au dehors, sous l’action du soleil et du vent. C’est pour cette maison qu’il est bon que les matériaux le construction soient poreux et perméables et qu’ils ne mettent, pas obstacle à la circulation de l’air qui doit activer l’évaporation. Cette remarque s’applique surtout aux pays du Nord, où les fenêtres ne peuvent rester largement ouvertes ; elle n’a peut-être pas la même importance pour les pays méridionaux, où le soleil tient lieu de blendes choses.

Pour montrer combien d’idées fausses règnent encore sur cette matière parmi les architectes » M. Pettenkafer cite l’exemple d’une grande usine autour de laquelle s’élèvent de nombreuses maisons d’ouvriers, bâties. avec les scories des hauts fourneaux. Les scories, légères et compactes, remplacent très bien la brique ; mais, très irrégulières de forme, celles exigent beaucoup de mortier. On eut