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trouver, même chez les plus puissans d’entre les banquiers, les caisses multipliées, les caves immenses, le personnel si nombreux, qui reçoivent tant de titres déposés un à un, tant d’argent composé de si petites sommes, et se prêtent à tant d’opérations minutieuses et variées? Il faut pour cela des locaux immenses, des succursales établies dans toutes les villes principales, il faut avoir le don d’ubiquité, le soin du détail et les avantages du bon marché.

Nous avons cité les noms de quelques banquiers célèbres et influens ; parmi les sociétés financières, nous avons rappelé la prospérité soutenue de la Banque de Paris et des Pays-Bas, établissement surtout parisien malgré son titre, que dirige avec tant d’autorité son conseil d’administration, et qui étend ses relations bien au-delà de nos frontières ; nous pourrions corroborer cet exemple de celui de la Banque Ottomane, qui semble principalement une société étrangère, mais qui compte à sa tête des noms se rattachant étroitement à notre haute banque, et qui exerce une action prépondérante sur notre propre marché. En fait des sociétés de crédit, nous reviendrons à deux établissemens dont nous avons fait ici même, dès 1872, une étude spéciale, et qui nous semblent encore aujourd’hui les plus capables de fixer l’attention, en ce qu’ils reproduisent le plus fidèlement le type que nous venons d’indiquer, à savoir : la Société générale pour favoriser le développement du commerce et de l’industrie en France, présidée par M. Denière, régent de la Banque de France, et le Crédit lyonnais, fondé et présidé par M. Henri Germain, député de l’Ain.

Une autre société qui jouit d’un renom très justifié, le Comptoir d’escompte, remplirait, si nous voulions pousser plus loin les assimilations, le rôle des banquiers spéciaux, à clientèle assurée et fidèle, dont nous constations l’importance à la suite des hautes maisons de banque proprement dites. Il est dévoué principalement aux intérêts du commerce parisien. Ce n’est pas qu’il ne se mêle activement aux grandes affaires de la France et de l’étranger, qu’il ne prenne une part dans toutes les émissions d’emprunt, et qu’il ne soit ainsi presque autant une société financière qu’une société de crédit, mais il réserve sa sollicitude principale pour les opérations dont le commerce et l’industrie de la capitale sont le siège. Il y trouve un avantage particulier qu’il est bon de noter. Les exigibilités de toute société de crédit se composent de trois élémens : les dettes à vue, les comptes courans créditeurs, et enfin les dettes à échéance représentées par des bons. Or c’est précisément avec des commerçans, des hommes d’affaires en général que se contractent les comptes courans ; une relation plus étroite naît de ces rapports, et les créanciers par compte courant connaissent plus à fond la