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conditions de culture ne correspondent pas à ses habitudes, mais surtout, à cause de la marche suivie pour le choix des attributaires… Tout le monde sait que, dans la concession des lots, la faveur a bien plus d’influence que le mérite. Tout le monde sait que l’on est bien plus sûr de réussir avec la recommandation d’un ministre, d’un député, d’un conseiller-général ou même d’un simple ami de nos autorités, qu’avec la qualité de chef de famille ayant des ressources et possédant l’expérience des procédés agricoles. La vérité en tout ceci est que pour conserver entre leurs mains un moyen d’influence, nos gouvernans, par leurs erreurs, portent à la colonisation des coups mortels. Il en serait tout autrement si l’on vendait les terres[1].


A la suite d’une discussion un peu confuse, le conseil supérieur maintient le vote antérieur par lequel il avait donné plein pouvoir à l’administration pour disposer à son gré des lots de villages, soit en les vendant, soit en les concédant gratuitement ; mais, pour ce qui regarde les lots de fermes, il adopte en même temps une proposition qui stipule formellement « qu’ils seront mis en vente par la voie des enchères publiques[2]. »

A sa dernière séance, le conseil supérieur n’apprend pas sans un très vif étonnement, par un rapport de sa commission des travaux publics, que « l’administration n’est pas en état de présenter un projet nettement déterminé pour l’emploi de la première annuité de ce grand programme de colonisation dont on a si souvent annoncé l’étude et qu’elle s’est bornée à mettre en ligne les chiffres des exercices antérieurs sans même donner une raison sérieuse pour justifier ces chiffres-là plutôt que d’autres[3]. » Dans cette situation, la commission, qui n’a reçu aucun devis émané des architectes des trois départemens, parce que ces architectes eux-mêmes n’ont pas connaissance du crédit de 1881 pour les travaux qu’ils pourront être chargés d’exécuter en 1882 et en 1883, propose au conseil supérieur « de signaler d’une façon toute particulière au gouverneur-général la marche défectueuse actuellement suivie dans l’établissement des prévisions de travaux de colonisation ; elle lui recommande expressément de faire, dès à présent, préparer les programmes et les projets avec tout ce qu’il faudra employer de personnel et de crédits pour les mener rapidement à bonne fin[4].

  1. Procès-verbaux du conseil supérieur (novembre 1881, p. 321, 322 et 323).
  2. Ibid., p. 333.
  3. Ibid., p. 326.
  4. Ibid., p. 337.