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UNE
ANCIENNE COLONIE FRANCAISE

II.[1]
LA VIE POLITIQUE, SOCIALE ET LITTÉRAIRE AU CANADA (1840-1884).


I

Non-seulement l’acte d’union imposait au Bas-Canada une partie de la dette du Haut-Canada et accordait à celui-ci une représentation égale, malgré l’énorme différence de population ; non-seulement il établissait des sectionnemens arbitraires dans les comtés, mais il proscrivait l’usage de la langue française dans les actes publics, dans les chambres, et conférait au gouverneur des prérogatives exorbitantes : l’initiative exclusive dans les votes d’argent, une liste civile de 75,000 piastres pour le payer, lui, les juges et les fonctionnaires, un conseil législatif composé de membres nommés à vie et à sa dévotion. Dans la chambre, la haine des anciens habitans lui concilierait les suffrages des Anglais, et la candidature officielle briserait la résistance des Canucks, réduits à un nombre infime. Ainsi cet acte, dicté par le machiavélisme parlementaire, semblait

  1. Voyez la Revue du 15 janvier.