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JEANNE D'ARC
A
DOMREMY

Il en est des premières années de beaucoup d’illustres personnages comme de ces fleuves dont le cours supérieur reste à peu près inconnu, et parmi ces personnages il faut compter Jeanne d’Arc. Qui n’aimerait cependant à connaître le milieu où Jeanne a vécu, les influences qu’elle a subies et les principaux incidens dont le village natal de l’héroïne a été le théâtre pendant les années qui ont immédiatement précédé sa mission ? Les dépositions du procès de réhabilitation, si précieuses qu’elles soient, sont loin de fournir des réponses de tout point satisfaisantes aux questions que notre curiosité se pose. Aussi, des critiques, des historiens également autorisés nous ont-ils représenté sous des couleurs très différentes la vie que menaient les habitans de la vallée de la Meuse, notamment ceux de la châtellenie de Vaucouleurs et de Domremy, à cette date mémorable.

Le plus considérable, sans contredit, de tous les critiques qui se sont occupés de ces questions, M. Jules Quicherat, glorifie avec raison la résistance qu’opposèrent aux envahisseurs les garnisons françaises de quelques places de la Meuse inférieure, telles que Beaumont et Mouzon, il veut voir dans cette résistance l’une des sources de l’inspiration de Jeanne d’Arc : « N’eût-elle servi, — pour emprunter à l’éditeur des Procès une phrase éloquente, — n’eût-elle servi qu’au perfectionnement de cette âme généreuse, la