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les eaux souterraines.


males. Ce nom ne doit pas seulement s’appliquer aux eaux manifestement chaudes ou tièdes, mais même à celles qui, d’après l’indication du thermomètre, ne diffèrent de la chaleur habituelle que par deux ou trois degrés. Donc, les sources thermales ne se séparent pas toujours avec netteté des sources ordinaires.

Les variations extrêmes de température que nous ressentons si vivement, suivant les saisons, ne pénètrent qu’avec lenteur dans le sol et s’y amortissent graduellement ; elles deviennent insensibles à une très faible profondeur, qui, à Paris, est d’environ 25 mètres. Au-dessous de cette couche à température invariable, la chaleur augmente peu à peu, à mesure qu’on descend. Ce fait capital n’est pas particulier à nos régions ; il a été constaté aussi bien dans les contrées voisines de l’équateur que dans les pays froids rapprochés des pôles. Des observations démonstratives ont été pour la plupart faites dans les mines, et avec des précautions destinées à écarter plusieurs causes d’erreur qui, pendant longtemps, avaient laissé du doute sur la réalité de cet accroissement. Les grands percemens de montagnes récemment exécutés, ceux du Mont-Cenis, du Saint-Gothard et de l’Arlberg, n’ont fait que confirmer la généralité du fait. Il en est de même des eaux des puits artésiens, lesquelles apportent la température des couches qui les fournissent. Le forage de Grenelle, profond de 548 mètres, donne de l’eau à 27°,4, nombre resté absolument constant depuis son origine ; l’accroissement de chaleur du sous-sol de Paris s’écarte donc peu de la moyenne générale, 1 degré par 30 mètres.

Évidemment cette chaleur interne ne peut émaner ni du soleil ni d’aucune cause extérieure à notre globe ; car, s’il en était ainsi, cette chaleur ne pourrait pas augmenter à mesure qu’on pénètre plus bas. Elle parait être le résultat et la continuation de la chaleur par laquelle notre planète a autrefois passé. En rayonnant vers les espaces célestes, dont la température est plus froide que tout ce que nous connaissons, les masses externes se sont nécessairement refroidies les premières, tandis que la chaleur se conservait intense dans les parties centrales. A raison de cet accroissement général, l’intérieur du globe présente de toutes parts, même loin des volcans actifs, des roches au contact desquelles l’eau peut s’échauffer plus ou moins.

Il reste donc à voir comment, dans certaines circonstances exceptionnelles, la structure du sol permet à l’eau, après être descendue très bas, de remonter au jour. Il y a pour cela plusieurs types de disposition.

Le plus simple consiste dans un redressement des couches. Comme on l’a vu, l’eau qui jaillit abondamment par les puits artésiens de Paris a été préalablement forcée, à partir des affleuremens