Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 83.djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’homme. C’est une incarnation plus lointaine et inférieure de la divinité, une projection de Dieu dans l’inconscient ; mais il diffère du corps en ce qu’il n’est pas comme lui soumis à la volonté humaine. Son ordre serein est pour nous inviolable. Il rend donc manifesta à nos yeux, dans le présent, l’Esprit divin. C’est un point fixe d’où nous pouvons mesurer notre départ… — Et quant à l’arrivée : « une révolution correspondante dans les choses accompagnera le progrès de l’esprit. Les influences désagréables s’évanouiront à mesure ; elles sont temporaires, on ne les verra plus. Les souillures et les miasmes de la nature seront séchés par le soleil, emportés par le vent. Et lorsque l’été viendra du sud, les bancs de neige se fondront et la face de la terre verdira devant lui. De même l’esprit qui avance créera des ornemens le long de sa route, portant avec lui la beauté qu’il visite, les mélodies qui l’enchantent. Il attirera les beaux visages, les cœurs chauds, les sages discours, les actes héroïques, et s’en entourera jusqu’à ce que le mal disparaisse. La royauté de l’homme sur la nature, celle qui ne résulte pas de l’observation, une royauté qui dépasse aujourd’hui son rêve de Dieu, lui sera donnée sans qu’il s’étonne davantage que l’aveugle qui se sent graduellement ramené à une vue parfaite. »


TH. BENTZON.