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LES
FANTOMES ET LA SCIENCE

Phantasms of the living, par MM. Gurney, Myers et Podmore, 2 vol. in-8o; Trübner. London, 1887.

Il est terriblement banal de parler des progrès de la science, et de ses progrès de plus en plus rapides. Pourtant, si nous étions sincères avec nous-mêmes, nous reconnaîtrions que cette science contemporaine, dont nous tirons vanité, n’est pas si sûre d’elle-même, et ne va pas si haut et si loin qu’on affecte de le croire. Nous achevons de remplir les chapitres d’un livre dont nos prédécesseurs ont écrit les premières lignes. Les chapitres sont indiqués, et laborieusement on les achève. Nous ne faisons guère davantage, et bien rarement il s’ouvre des chapitres tout à fait neufs. Qu’on pousse un peu plus loin l’étude mathématique du potentiel électrique, qu’un microscope perfectionne permette de mieux suivre le développement d’une graine, qu’une analyse chimique plus savante dédouble un composé qui nous paraissait simple ou explique suivant des modes différens les lois de l’atomicité, il n’y a là rien de bien nouveau. C’est toujours cette même science que nous connaissions. Elle part des mêmes principes et aboutit aux mêmes conclusions, plus complètes, plus rigoureuses, peut-être, mais en somme de même essence.

Dieu nous préserve de médire de la science! « Après tout, c’est encore ce qu’il y a de plus sérieux au monde, » dit quelque part M. Renan, Mais, si sérieuse qu’elle soit, cette science, limitée à certains