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nécessaires, et je ne crois pas que MM. Gurney, Podmore et Myers les veuillent contester. Mais, même en admettant cela pour beaucoup des récits que nous pouvons lire, il n’en reste pas moins un ensemble remarquable de faits étranges, dont la trame est authenthique, irréfutable, malgré quelques inexactitudes de détail, offrant en somme des garanties de bonne observation et de véracité qui suffiraient aux plus exigeans.

Autrement dit, il y a trois partis à prendre vis-à-vis des faits exposés dans les Phantasms of the living soit la croyance absolue à tout ce qui a été dit, soit la défiance absolue qui récuse tout, soit, en troisième lieu, l’acceptation des faits eux-mêmes dans leur ensemble, sans affirmer l’exactitude rigoureuse de tous les détails. C’est à cette conclusion que nous croyons devoir nous arrêter.

Nier tout, ce serait une absurdité de premier ordre. Il faudrait alors, en effet, récuser tout témoignage humain ; car jamais, pour des observations anormales, non quotidiennes et survenant à l’improviste, on ne pourra recueillir autant qu’en ce livre de faits démonstratifs.

Chaque science emploie les moyens qui sont à sa portée. La chimie a ses procédés, qui ne sont pas ceux de la géographie, ni ceux des mathématiques, ni ceux de la médecine, ni ceux de l’histoire. Pour des faits qui ne sont pas d’ordre expérimental, et où le témoignage humain est la seule preuve, nulle autre démonstration ne pouvait être donnée.

C’est dans ce sens que le livre de MM. Gurney, Myers et Podmore constitue un immense progrès. Jusqu’à présent, on s’était contenté de récits fantastiques relevant de la littérature plus que de la science. Maintenant le pas décisif est franchi. Il ne s’agit plus de contes en l’air pour bercer les petits enfans ou amuser les désœuvrés, mais de faits réels, racontés par des témoins véridiques, qui signent de leur nom, et parlent avec tout le sérieux qu’on met lorsqu’il s’agit de la mort d’une mère, ou d’un frère, ou d’un ami.

Nous ne pouvons donner, même en abrégé, le sommaire des principaux chapitres du livre des trois savans anglais. Cet abrégé serait encore beaucoup trop long. Le mieux, pour les personnes que ce genre de recherches intéresse, sera de se reporter à l’ouvrage même, de le consulter et de le parcourir. Nous sommes certain qu’on trouvera là les preuves péremptoires qu’on est endroit de demander. Nous nous contenterons donc ici de relater deux ou trois exemples qui permettront aux lecteurs de la Revue de juger de la nature des nombreux autres récits qui sont consignés dans cet ouvrage. Tous ces récits sont fort intéressans, curieux et instructifs à