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où chaque espèce est désignée par le nom vulgaire, avec la mention des services ou des dommages qu’on doit en attendre. Est-il besoin d’insister sur le bienfait d’une pareille éducation dans nos campagnes ? Vous rencontrez de braves paysans familiarisés avec ce qui les entoure, sachant distinguer entre les êtres redoutables et les créatures utiles. Ils ont appris à servir un grand intérêt, l’intérêt de l’agriculture. En même temps, la connaissance exacte de certains faits les a éloignés des idées fausses, des conceptions absurdes, des superstitions insensées qui sont l’apanage inévitable de l’ignorance des phénomènes les plus ordinaires de la nature. Ce résultat est assez beau pour qu’on en demeure frappé[1].

En passant, nous avons voulu signaler les avantages d’une éducation bien comprise pour les populations agricoles, sans intention de nous y arrêter. L’école primaire sera toujours au village et dans chaque quartier de la grande ville. C’est aux conditions d’instruire la jeunesse destinée à devenir l’élite de la société qu’en ce moment il importe de s’attacher sur la scène même où les conditions peuvent être réalisées ; il ne déplaira pas, sans doute, de suivre les écoliers pendant les études qui ne manquent guère de les captiver.

En un lieu propice, dans un site agréable, où le silence n’est troublé que par les bruits des désordres de l’atmosphère, s’élève notre lycée. Tout a été aménagé en vue d’un dessein parfaitement défini : faire large part aux sciences, comme en Allemagne, surtout à l’histoire naturelle, en laissant aux études, dans la mesure possible, le caractère de récréations. Ainsi, dans les classes, le temps consacré aux lettres se trouvera moins disputé.

Souvent on a répété que les études classiques ont pour objet principal d’ouvrir l’esprit et de le préparer pour les occupations que détermine le choix d’une carrière. Personne peut-être ne voudrait affirmer que la bonne voie a toujours été suivie pour obtenir un aussi modeste résultat. C’est après avoir arrêté le meilleur emploi possible de chaque heure, de chaque jour, de chaque année, qu’on sera fondé à concevoir des espérances pour l’avenir. Il faut donc ne jamais abandonner la préoccupation de mettre dans l’esprit de la jeunesse des notions si claires et si précises que l’empreinte

  1. Le petit tableau qui vient d’être tracé ne répond pas à un idéal, mais à une réalité. Un maître d’école dont nous nous plaisons à inscrire le nom, M. Froville, instituteur à Épinay-sur-Orge (Seine-et-Oise), a fait aimer l’histoire naturelle dans son village. Ses élèves ont formé entre eux une Société protectrice des petits oiseaux et de tous les animaux utiles ou inoffensifs. Peu à peu ont disparu dans le pays les scènes de barbarie si fréquentes au milieu des campagnes. L’instituteur d’Épinay-sur-Orge a distribué des collections à différentes écoles. Il a maintenant des imitateurs.