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du foyer et la salubrité du logement. Ses meilleurs agens sont ceux qu’il abrite, comme les éclusiers, les gardiens, les concierges. II devrait faire de même pour ses autres employés et suivre l’exemple donné par le gouvernement allemand dans les mines qu’il exploite. Il pourrait enfin favoriser le développement des sociétés de construction, en leur donnant son appui et sa garantie, comme il le fait pour les compagnies de chemins de fer.

Les municipalités, plus directement intéressées que l’état à la solution du problème, ont un rôle plus actif à remplir; mais il ne faut pas qu’elles se substituent aux compagnies eu bâtissant pour leur propre compte. Ce serait ouvrir la porte à tous les abus et décourager l’initiative privée. En 1882, lorsque la fièvre typhoïde prit à Paris un développement qui préoccupa vivement la population et appela l’attention sur l’insalubrité des habitations pauvres, M. Joffrin proposa, au conseil municipal, de construire des maisons et de les louer à la classe ouvrière. L’intention était excellente, sans doute, mais la mesure eût été déplorable. M. Alphand, directeur des travaux de Paris, fit observer qu’il suffirait d’exonérer les propriétaires de certaines charges pour les engager à construire. A mon avis, il faudrait faire davantage.

En parlant des maisons bâties par M. Cacheux, boulevard Murat et passage Boileau, j’ai dit que le prix de revient est presque doublé par les frais qu’entraînent la viabilité, les canalisations pour l’eau et le gaz, les égouts, etc. La ville de Paris ne fait aucune concession pour ces dépenses, qu’elle pourrait assurément prendre à sa charge. Elle devrait, de plus, exécuter les nivellemens, créer les voies d’accès, et lorsque les groupes d’habitations sont en voie de se former dans des quartiers excentriques, prendre les arrangemens nécessaires pour y faire passer un omnibus, un tramway, peut-être même un chemin de fer, si l’agglomération en valait la peine.

Avec de pareils avantages, l’édification des habitations ouvrières ne rencontrerait, même à Paris, aucune difficulté. Les terrains ne manquent pas dans l’enceinte de ses murs, et les capitaux se portent volontiers vers l’industrie du bâtiment. On voit s’élever, de tous côtés, des maisons splendides qui ne trouvent pas de locataires, se percer de larges rues qui n’ont pas d’habitans. L’offre dépasse de beaucoup la demande et fait pressentir des désastres financiers. Il est certain que les grandes compagnies qui bâtissent ces édifices somptueux et d’un placement si difficile se décideraient sans peine à construire des maisons ouvrières dont la location est certaine, si on leur faisait quelques avantages; mais ce n’est pas la spéculation qui peut résoudre la question du logement ouvrier, et j’en ai dit la raison. L’œuvre qu’il ne faut pas lui confier, dont l’état