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pied d’une facule s’échelonnent dans le sens de son parallèle, comme des laisses semées sur sa route. Il paraît probable que la vitesse inégale que possèdent les taches est bornée à une couche assez mince de l’enveloppe solaire, tandis que le gros de la masse tourne tout d’une pièce avec la vitesse constante des facules.

Ou commit les effets stéréoscopiques qui s’obtiennent avec des photographies de la Lune, prises à deux époques convenablement appariées. Perfectionnées de jour en jour, ces photographies serviront à étudier plus exactement la libration ; elles feront aussi reconnaître les changemens qui s’accomplissent peut-être à la surface de notre satellite, et qui, affirmés par les uns, contestés par les autres, sont restés jusqu’à présent très douteux. Au contraire, la réalité de modifications, parfois assez brusques, paraît aujourd’hui bien constatée pour quelques planètes. Il suffit de rappeler, à cet égard, les mystérieux canaux rectilignes que MM. Schiaparelli et Perrotin ont signalés à la surface de Mars. M. Janssen a fait remarquer, à propos des croquis envoyés de Nice, qu’il était urgent de chercher à obtenir, à l’aide de nos grands instrumens, des images photographiques, assez parfaites pour remplacer les dessins. « Je sais, a-t-il dit, que lorsqu’il s’agit de phénomènes aussi délicats que ceux qui ont été découverts à Milan et à Nice, la photographie, malheureusement, ne peut encore lutter avec la vue ; mais il faut entrer résolument dans cette voie, pour préparer l’avenir. Si à la place des dessins, nous avions des images photographiques même moins détaillées, nous pourrions déjà en tirer, sur les changemens qui ont lieu à la surface de Mars, des notions incomparablement plus certaines que celles dont nous sommes obligés de nous contenter. »

Pour juger de la difficulté qu’on éprouve à confronter des dessins d’origine diverse, on n’a qu’à passer en revue la longue série de croquis de la nébuleuse d’Orion, faits depuis deux siècles par des observateurs tels que Huygens, Mairan, Messier, De Vico, Lamont, J. Herschel, Lassell, O. Struve, les deux Bond, lord Rosse, le père Secchi… En 1882, M. Holden a consacré à cette nébuleuse une monographie où il donne les résultats de ses propres observations, en même temps que des copies des plus célèbres dessins de cet objet fameux. Ces copies, pour être très imparfaites, n’en font pas moins naître la conviction qu’il serait téméraire d’invoquer de pareils témoignages pour prouver quoi que ce soit, tellement l’aspect varie d’un dessin à l’autre. M. Holden a également reproduit une photographie de la nébuleuse, obtenue par H. Draper en 1882. Elle a été, depuis, photographiée par M. Common, par M. Roberts et par d’autres astronomes. MM. Holden et Struve pensent que les contours de la nébuleuse d’Orion n’ont pas changé