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depuis qu’on l’observe avec soin, mais que l’éclat de certaines parties a subi des variations qui continuent de se produire sous nos yeux. La photographie seule pourra, un jour, nous donner, à cet égard, une certitude complète, comme elle nous permet déjà de surveiller les rapides changemens des comètes, aux contours si mobiles.

En attendant, elle a déjà évoqué, du sein des ténèbres, des nébuleuses inconnues que l’œil humain n’avait point aperçues. Sur un cliché des Pléiades, que MM. Henry avaient obtenu le 10 novembre 1885, l’étoile Maïa se montrait accompagnée d’une petite queue de comète très brillante ; on reconnut que c’était une nébulosité. Il s’est trouvé qu’elle s’était aussi dessinée sur un cliché de M. Pickering, qui datait du 3 novembre : mais, en Amérique, on l’avait prise pour une tache accidentelle, Une fois avertis, les astronomes en possession de lunettes très puissantes ont pu en vérifier directement l’existence ; on l’a observée successivement à Poulkova et à Nice, à Vienne, à Washington, à Genève et ailleurs, avec plus ou moins de facilité. Depuis lors, MM. Henry ont continué à perfectionner leurs procèdes, et ils refont chaque année le cliché des Pléiades, qui en vaut bien la peine. Les épreuves de 1888, obtenues avec des plaques très sensibles et une pose de quatre heures, ont dévoilé avec une surprenante netteté l’amas diffus de matière cosmique qui enveloppe cette constellation, et dont les nébuleuses de Maïa et de Mérope ne sont que les parties les plus lumineuses. Une particularité curieuse et très inattendue, c’est un filament rectiligne de matière nébulaire qui sort de la masse principale, sur une longueur de 10’ d’arc et une épaisseur de 3’ à 4’ seulement ; il rencontre sur sa route sept étoiles qu’il semble réunir connue des grains de chapelet. Une seconde ligue, semblable, mais plus courte, existe au milieu de la masse nébulaire. Le nouveau cliché contient, en outre, deux fois plus d’étoiles que les premiers : environ 2,000. La carte des Pléiades de M. C. Wolf, qui avait demandé plusieurs années de travail, n’en contient que 671.

M. Pickering est entré dans la même voie, et tout récemment ses clichés ont révélé l’existence de cinq ou six nébuleuses nouvelles dans diverses régions du ciel. Enfin, il y a quelques mois, M. Roberts a communiqué à la Société astronomique de Londres des photographies de la nébuleuse elliptique d’Andromède, qui sont comme une révélation. Ce qui semblait un amas informe de matière cosmique, traversé par des tissures irrégulières, apparaît maintenant comme un système solaire dans son devenir ; on y distingue les anneaux qui se détachent de la masse centrale, comme le veut l’hypothèse de Laplace, et deux satellites en voie de formation, dont les positions relatives ont dû subir quelques changemens depuis