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montrent avec un éclair d’orgueil aux nouveaux débarqués, étonnés d’un changement si rapide.

Ils sont fiers de leur œuvre, et à juste titre ; fiers aussi du succès de leur remarquable exposition pour laquelle on n’a pu leur allouer qu’à peu près la moitié de l’espace qu’ils demandaient, 16,000 pieds carrés sur 40,000. Qu’eût-il fallu si l’Australie entière eut exposé ? Forcée, faute d’emplacement, de réduire le chiffre de ses envois, de faire sa place à la Nouvelle-Zélande, Victoria a dû se borner à ne nous montrer qu’une partie de ses richesses et a dû exclure certains produits de ses manufactures.

Telle qu’elle nous apparaît avec ses vins et ses laines, son or et ses cuirs, son argent et ses blés, ses minerais et ses conserves alimentaires, sa faune gigantesque dont les échantillons se comptent par centaines, on comprend la foi ardente des intrépides pionniers auxquels ces résultats sont dus et dont M. Julien Thomas s’est fait, dans sa brochure de Victoria en 1889, l’interprète éloquent et convaincu : « Quand on voit, écrit-il, les progrès réalisés dans cette colonie qui ne compte que cinquante ans d’existence, on se demande, ébloui, fasciné, où s’arrêteront ces merveilles de civilisation et de bien-être. Nos pères ont beaucoup fait ; à nous d’achever ce qu’il reste à faire dans ce beau pays d’or et de soleil. Les tours de nos édifices, les clochers de nos cathédrales, nous redisent l’histoire du passé, les labeurs de nos devanciers, et nous prédisent ce que la terre fertile et généreuse nous réserve dans l’avenir. L’avenir ! Il est là, devant mous, plein de promesses. Il nous laisse entrevoir qu’un jour existera une région bénie où le paupérisme sera inconnu. Dans, les siècles futurs, des millions d’êtres humains béniront la mémoire du capitaine Cook, qui a découvert cette terre de la Croix-du-Sud et l’a léguée à leurs ancêtres. Debout, Australiens, et en avant ! »

Rêve ou vision, qu’importe ? Dans sa marche laborieuse vers l’avenir inconnu l’espérance précède ; l’humanité suit.

Dans les travées de l’Exposition anglaise, au Champ de Mars, la Nouvelle-Zélande étale, à côté des produits australiens, ses minerais et ses marbres, ses soufres et ses gommes. Archipel montagneux, dont la cime principale s’élève à 12,349 pieds au-dessus de la mer, aux pentes verdoyantes et boisées, aux larges plateaux couverts d’une herbe épaisse, arrosés par de nombreux cours d’eau, la Nouvelle-Zélande. possède une population de plus de 600,000 habitans et plus de 3 millions d’hectares en rapport. Quinze millions d’hectares cultivables attendent encore les bras de l’émigrant. Pays de culture, d’élevage et de mines, elle produit en abondance la laine, les céréales, la viande et l’or. Ses forêts donnent des bois de construction et d’ébénisterie, la gomme kauri. La part faite aux viandes