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simultanément, on établit le programme des manœuvres de manière à joindre aux manœuvres mêmes de cavalerie des exercices du service d’exploration et du service de sûreté à grandes distances et sur un front étendu, dans des conditions analogues à celles qui se présenteraient en temps de guerre pour les divisions de cavalerie appelées à devancer les armées[1]. »

En résumé, le programme des manœuvres spéciales de cavalerie ne sera complet qu’à la condition de comporter deux périodes : l’une de préparation dans l’intérieur d’un camp, l’autre d’exécution en terrain varié. Ainsi exercé et éprouvé, l’instrument est prêt. Il reste à le livrer aux ouvriers qui auront charge de l’utiliser. En dehors de l’ensemble, sous l’œil de chefs compétens, la cavalerie s’est longuement et méthodiquement préparée : elle sait éclairer, couvrir, combattre. Il s’agit de la faire rentrer dans le concert, de la restituer aux armées. Ce sera l’objet d’une troisième période pendant laquelle elle prendra part aux grandes manœuvres d’armes combinées. Mais ici, nous abordons un sujet agrandi et nouveau. Il nous faut en esquisser le plan général avant d’y adapter le cadre particulier de la cavalerie.


Au point de vue de la guerre, les grandes manœuvres doivent constituer une triple préparation : physique, morale, intellectuelle. De ces trois conditions, les deux premières sont naturellement remplies : elles résultent de l’exécution même des manœuvres et s’accomplissent, pour ainsi dire, ipso facto.

Quel que soit le bénéfice technique qu’on en retire, les manœuvres produisent, en effet, une amélioration matérielle et constante : l’entraînement et la cohésion d’élémens qui, jusqu’alors, n’avaient pas été réunis ; la mise au point mécanique d’une agglomération d’hommes s’accoutumant, dans des circonstances spéciales, quoique bien éloignées encore de celles d’une campagne, à remplir régulièrement les trois fonctions primordiales de la guerre : marcher, vivre, dormir.

L’avantage moral est non moins évident. C’est dans ces rassemblemens périodiques que les differens rouages des fortes unités de combat s’agencent et fonctionnent en vue d’une action commune. Ainsi réunies, entrevoyant le but, confondant leurs efforts, ces troupes, hier dispersées et indifférentes, comprennent alors leur admirable solidarité. L’enthousiasme et la confiance leur viennent au cœur quand s’ébranlent les colonnes profondes, quand se déploient les longues lignes, quand s’illuminent les armes et que s’élèvent, en leur troublante harmonie, le grondement du canon

  1. Article 24. — Des prescriptions relatives aux manœuvres d’automne.