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l’effacement de la chambre et du tempérament autoritaire du pouvoir exécutif. Il ne nous paraît pas davantage qu’aux dernières élections le suffrage universel ait demandé à ses futurs députés de faire grand. Il est bien vrai qu’il a reproché aux anciens de s’être beaucoup agités et d’avoir peu produit, d’avoir touché à toutes les questions sans en résoudre aucune, d’avoir préparé le césarisme en multipliant les crises ministérielles et en rendant toute administration impossible. Mais quel lien peut-il y avoir entre la danse de Saint-Guy dont la chambre de 1885 était atteinte et les articles du règlement relatifs aux commissions ? Ce règlement n’a-t-il pas suffi aux besoins des assemblées précédentes, dont la tâche était aussi considérable, et qui ont laissé derrière elles une œuvre législative plus importante et plus pratique ? Et en supposant, — ce que nous ne contestons pas, — qu’il y ait quelques modifications de détail à apporter dans ce règlement, que le travail des commissions soit trop émietté, les compétences trop dispersées, l’initiative parlementaire laissée trop libre et traitée avec trop d’indulgence, est-il nécessaire, pour cela, d’aller chercher dans l’arsenal de la révolution les armes redoutables qu’elle avait forgées pour résister à l’Europe et centraliser dans une assemblée tous les pouvoirs et toute la vie d’une nation ?

Et d’ailleurs il serait facile de démontrer que les conditions d’existence des assemblées uniques sont toutes différentes de celles des assemblées qui légifèrent en collaboration avec d’autres. Il serait non moins facile d’établir qu’à l’heure présente le plus pressé n’est pas de grandir le rôle et la puissance du pouvoir législatif. On prouverait également sans peine que nos institutions politiques, administratives et financières, en dépit de leurs nombreux abus, ne commandent point de telles révolutions qu’une convention ou une constituante soit nécessaire. Mais le suffrage universel vient de s’exprimer à cet égard d’une façon particulièrement nette et ce serait entrer dans un débat de doctrine étranger à notre sujet. Nous ne voulons écrire qu’une page d’histoire.

A côté des esprits attardés qui vivent exclusivement des traditions historiques et y puisent, au gré de leurs passions ou de leurs intérêts personnels, il en est qui ne se tiennent point d’ordinaire dans le domaine des illusions, mais qui sont volontiers amoureux du nouveau. Quelques-uns de ceux-ci croient Voir dans le système des grands comités un moyen d’action parlementaire plus énergique et pouvant se concilier avec les nécessités du principe de la séparation des pouvoirs. C’est pour ces derniers que nous avons songé à écrire l’histoire des grands comités de l’assemblée constituante de 1848, dont ils prétendent restaurer utilement