Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 96.djvu/905

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui-même une autre où il devait briller d’un rayonnant éclat. À ce moment, soutenu et excité par le libéralisme de l’opinion, l’enseignement de la Sorbonne devint tout à coup, avec Guizot, Cousin et Villemain, une des manifestations les plus retentissantes de L’esprit français. Du coup fut arrêté, pour de longues années, par le succès de ces modèles, l’idéal du professeur français de faculté.

Des trois ordres d’enseignement, ce n’est pas à l’enseignement supérieur que le Gouvernement de juillet appliqua son principal effort. Il ne fut pourtant pas sans y réaliser de notables améliorations, et même certains de ses hommes d’état y méditèrent des ; transformations radicales. Il n’y a que deux types d’enseignement supérieur, les écoles spéciales et les universités : les unes vouées à la culture d’une science particulière, et n’admettant des autres que ce qui peut servir à celle-là ; les autres ouvertes à toutes les sciences, à toutes les branches des lettres, faisant mieux que les recevoir, les unissant toutes ensemble, dans une harmonie comparable à celle des facultés de l’esprit humain et des lois de la nature. Les facultés de l’Empire étaient, malgré leur nom, des écoles spéciales. À ces facultés éparpillées, isolées les unes des autres, pauvrement dotées, dépourvues presque toutes des premiers instrumens du travail intellectuel et de la recherche scientifique, M. Guizot, dans ses projets de la première heure, rêva de substituer quelques universités complètes, a grands loyers d’étude et de vie intellectuelle. » Un peu plus tard, le rapporteur du budget de l’instruction publique, M. Dubois, un universitaire distingué, réclama la même reforme, et M. Cousin, dans son court passage au ministère, essaya, d’en commencer l’exécution. Mais il en fut de ces desseins comme des projets de Condorcet. Ni le public, ni le gouvernement, ni l’Université elle-même n’étaient assez empressés, assez préparés à ces réformes, « Je ne rencontrai, point, dit M. Guizot, de forte opinion publique, qui me pressât d’accomplir dans le haut enseignement quelque-œuvre générale et nouvelle… En fait d’instruction supérieure, le public, à cette époque, ne souhaitait et ne craignait à peu près rien ; il n’était préoccupé, à cet égard, d’aucune grande idée, d’aucun impatient désir… Le haut enseignement, tel qu’il était constitué et donné, suffisait aux besoins pratiques de la société, qui le considérait avec un mélange de satisfaction et d’indifférence. » On se borna donc à améliorer ce qui existait sans le transformer. On augmenta les traitemens ; on fit quelques dépenses pour les bâtimens, les laboratoires et les collections ; on créa de nouvelles chaires, et, chose plus grave, on créa de nouvelles facultés. On s’efforça d’animer les facultés des lettres et les facultés des sciences, et l’on se disposait à faire des études, surtout dans le droit et la