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médecine, une refonte générale, lorsqu’éclata la révolution de 1848. Le budget des facultés était alors de 2,876,000 francs en chiffres ronds. Le Gouvernement de juillet l’avait augmenté de 2 millions environ.

Sous le second Empire, les choses continuèrent d’aller du même train, sans accélération, sans orientation nouvelle. L’opinion avait peu souci du haut enseignement, et elle se contentait des licenciés en droit et des docteurs en médecine qu’il fournissait. Comme sous le Gouvernement de juillet, les besoins pratiques avaient satisfaction, et la science, malgré de grands noms, de grands travaux et souvent d’admirables découvertes, n’excitait que rarement l’intérêt du public et celui du pouvoir. Le budget des facultés s’accrut, dans cette période, d’environ deux autres millions ; mais, de cette -somme, la plus grosse part fut absorbée par la création de nouvelles facultés inutiles, toutes taillées sur l’étroit patron de celles qui végétaient déjà.


II

Aussi, vers la fin du second Empire, que de choses manquaient aux facultés ! Quelle misère des bâtimens, quelle insuffisance des crédits, quelle détresse des laboratoires, quelle absence des instruirions les plus nécessaires au travail, et, par suite, quelle torpeur des institutions, et, trop souvent, avec beaucoup de talent, quelle langueur chez les hommes ! Bientôt toutes les anciennes installations des facultés auront disparu, et l’on n’aura plus, pour témoins de ce qu’elles furent si longtemps, que les documens officiels des statistiques. Mais tous ces documens attestent la misère, souvent la noire misère. A la question : les bâtimens sont-ils appropriés à leur destination, la Statistique de 1868 répond presque partout : « Non, non, non ! » Et de lait, à part quelques villes moyennes ou petites, Nancy, Rennes, Caen, Clermont, fières de leurs facultés, qui les ont convenablement installées, les autres se sont peu souciées d’elles et les ont logées, vaille que vaille, où elles ont pu, de cette façon provisoire, qui, en France, devient promptement définitive. A Lyon, la faculté des sciences est dans les combles du palais Saint-Pierre ; à Bordeaux, dans une annexe de l’hôtel de ville ; le laboratoire de chimie, froid, humide, meurtrier, n’a jour et air que par un vestibule intérieur ; à Montpellier, elle est dans une masure étayée de toutes parts ; à Toulouse, dans un ancien couvent. Nulle part, même dans les facultés neuves, les laboratoires ne sont assez spacieux, les salles des collections assez vastes. Aux facultés des lettres et de droit, moins gourmandes de place, on n’a même pas donné