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récemment créées, celui de Berlin se montrant impuissant à les absorber.

La progression des cours des fonds russes et hongrois s’explique par la situation de plus en plus satisfaisante des budgets des deux pays et surtout par la conviction que la paix de l’Europe ne sera pas plus troublée l’année prochaine que les précédentes.

Pendant la première semaine de décembre, le marché de Berlin avait été aussi tenu dans une certaine indécision par la crainte que le mouvement gréviste dans le bassin houiller de Westphalie ne prit une extension dangereuse pour la tranquillité sociale, et, à un point de vue plus spécial, pour les approvisionnemens de l’armée. Mais, sur les instances des autorités de la province, les conseils d’administration des compagnies ont acquiescé aux demandes des mineurs, et la grève générale a été conjurée.

L’Extérieure et le Portugais à 73 et 66.25 ne se sont pas encore relevés de la dépréciation qu’ils avaient subie à la suite des fonds brésiliens. Ils ont, il est vrai, plus d’un motif de ne pas s’élever trop brusquement au-dessus du niveau actuel. La situation financière est très mauvaise en Espagne. Le ministre Gonzalez ne l’a que timidement exposée aux Cortès, et ceux-ci n’osent pas aborder en face la difficulté. Les déficits s’ajoutent aux déficits, les économies réalisables sont sans importance réelle. La dette flottante prend des proportions énormes pour le pays. Un emprunt de quelques centaines de millions devient absolument urgent.

L’Unifiée s’est élevée de 467.50 à 471.25. Les Anglais sont moins disposés que jamais à quitter la vallée du Nil, maintenant que les mahdistes sont devenus maîtres de la province équatoriale qu’Émin-Pacha avait jusqu’à cette année défendue contre leurs attaques, et qu’ils vont pouvoir tourner leurs efforts du côté de la Haute-Egypte.

A un point de vue plus strictement financier, l’Unifiée a été soutenue par la déclaration du gouvernement égyptien promettant l’abolition de la corvée sans augmentation de l’impôt foncier, si les puissances intéressées consentaient à la conversion de la Dette privilégiée, l’économie résultant de cette conversion devant compenser les frais de l’abolition. Il est probable que la France ne persistera pas dans l’opposition qu’elle avait faite jusqu’ici à l’opération financière préparée au Caire et en Angleterre.

Les fonds turcs ont été mieux tenus. Le 1 pour 100 a presque touché 18 francs, l’obligation Douane a dépassé 400, et la Banque ottomane s’est rapprochée de 540. C’est à Berlin surtout qu’est poussée la rente turque et aussi l’obligation Douane. La spéculation délaisse provisoirement la Banque ottomane, en attendant les premiers résultats que pourra donner l’administration de sir Edgar Vincent.

Simultanément avec cette reprise générale des fonds publics, s’est