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HALLALI ! A95 — Et M. Real? — Il viendra te rejoindre chez moi quand il voudra. Je vais lui en parler. Du reste, ce sera une façon toute simple de continuer sa cour. Et cela me permettra de m’occuper avec toi d’une foule de détails de toilette. Après, nous rentrerons ensemble à Nancy, et il n’y aura plus qu’à allumer les cierges. Marie-Madeleine aurait bien voulu répondre. Mais que pouvait- elle dire sans risquer d’en trop dire? Elle préféra se taire encore et accepter ainsi quelques heures de répit avec la chance de voir s’éteindre ou s’endormir les haines et les amours qu’elle avait sou- levées. — Ne serait-elle pas, d’ailleurs, toujours à temps de se retirer devant M. de Buttencourt, s’il faisait mine de se montrer à Rubécourt? Et sa cousine n’était-elle pas intéressée à la faire dispa- raître dès la première menace de cette éventualité? XI. Catéchisé par M me de Buttencourt, Frantz ne fit pas grande dif- ficulté d’admettre que, l’absence du baron devant être longue et le séjour de Marie-Madeleine assez bref, il n’y avait aucun inconvé- nient sérieux à la réunion des deux cousines sous le toit de M. de Buttencourt, en attendant le règlement de toutes les questions aux- quelles un mariage, même d’inclination, est nécessairement subor- donné. 11 ignorait, d’ailleurs, absolument la visite du mari d’Hé- lène à M lle Hart : la baronne, qui n’en connaissait pas elle-même les détails, plus intéressans qu’elle ne pouvait le supposer, avait été priée par sa cousine de passer cette visite sous silence. — En outre, il considérait comme un devoir d’épargner à la jeune femme la suprême désillusion où se fussent engloutis les restes de son bonheur, ses espérances d’un meilleur avenir et jusqu’à la joie de ses souvenirs, jusqu’à la fierté de son amour. Or, par son insis- tance, elle le mettait vraiment au pied du mur. M. Real se refusa seulement à reprendre gîte au château de Rubécourt. Mais, la distance qui sépare Rubécourt de Nancy n’étant pas considérable, rien n’empêchait qu’il ne fît le trajet plusieurs fois par semaine et même, au besoin, tous les jours. — Une des raisons déterminantes de sa bonne volonté et de son acquiesce- ment à la combinaison nouvelle, c’avait été l’isolement de Marie- Madeleine en la maison paternelle : il avait fini par en être gêné ; et il en vint facilement à trouver que la présence de la jeune fille chez sa cousine serait à la fois plus conforme aux convenances en général et à son désir particulier de donner une conclusion tout à t’ait correcte à un roman déjà trop mouvementé : Rubécourt sans