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prix nouveaux ne rendaient plus conformes aux règles statutaires.

Entre temps l’établissement avait absorbé le Crédit agricole, puis la Banque hypothécaire, portant le nombre de ses actions de 180,000 à 200,000, puis de 260 à 310,000 et tout récemment de 310,000 à 341,000, libérant ses actions des 250 francs non versés jusqu’alors, au moyen de prélèvemens sur ses réserves extraordinaires provenant de cette double absorption. Ainsi le Crédit foncier grandissait sans cesse et devenait de plus en plus puissant au milieu des difficultés économiques qui n’avaient pu arrêter l’élan si vigoureux donné en 1879 à ses opérations. En fait, si le montant total des prêts hypothécaires n’a plus augmenté sensiblement depuis 1886, il n’a pas diminué. Il était, il y a trois ans, de 2,022 millions, et de 2,027 millions à la fin de 1889. Que si l’on veut se rendre compte des causes de ce temps d’arrêt après un développement si prodigieux, il ne suffit pas d’invoquer la différence des taux auxquels les intérêts des prêts ont été successivement fixés. Sans doute le grand succès des emprunts fonciers et communaux de 1879-80 permit de réduire ce taux à 4.45 pour 100, le prix de revient des emprunts ayant été de 3.85 pour 100 ; mais en 1881, des émissions moins heureuses obligèrent de le relever à 4.80 pour 100, et il fallut en 1883 (après le krach) remonter jusqu’à 5.30 pour 100. Le montant des prêts effectués s’éleva encore malgré ce taux jusqu’en 1886, tandis qu’il y a maintenant équilibre entre les prêts nouveaux et les remboursemens, bien que le Crédit foncier ait pu réduire l’intérêt de ses prêts à 4.85 pour 100 en 1885 et ne l’ait plus modifié depuis.

Le mouvement des prêts communaux, pour avoir pris une allure moins rapide, n’en est pas moins remarquable par la continuité uniforme de la progression. Le total des prêts de cette catégorie était de 551 millions en 1879. Voici les chiffres successifs pour la période entière jusqu’à la fin de 1889 : 636 millions, puis 705, 749, 778, 862, 937, 999, 1,040 et 1,127. C’est une magnifique branche des opérations du Crédit foncier et qui n’a pris son ampleur réelle, en même temps que sa valeur pour les actionnaires, que depuis dix ans. Le progrès est régulier ; les bénéfices, minimes il est vrai, relativement à la masse des prêts, s’accroissent chaque année, et les risques sont nuls, comme on le va voir tout à l’heure.

Si nous additionnons les montans des prêts hypothécaires et des prêts communaux, nous trouvons, à la fin de 1878, un total de prêts de 1,319 millions, porté onze ans plus tard à 3,062 millions, donc plus que doublé. Voilà ce que doivent les emprunteurs au