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un assortiment d’outils et d’instrumens servant à décharger ce qui peut être sauvé de marchandises ou à renflouer le navire coulé ou endommagé. Un ingénieur en chef, ayant sous ses ordres un personnel nombreux de mécaniciens, se tient en permanence dans les ateliers de la compagnie. Les pompes sont prêtes, les machines sont immédiatement disponibles ; au premier signal, les manœuvres s’exécutent avec la plus grande rapidité. Ce n’est pas tout. Dans le dock le plus rapproché de ses constructions, l’association tient à l’ancre, le long du quai, un steamer garni, lui aussi, d’objets de sauvetage et de treuils d’une grande puissance. Le vapeur est éclairé à l’électricité. Ses deux mâts ont à leur tête un foyer d’une force éclairante de trois mille bougies. L’arrangement et l’organisation de ces appareils permet de les fixer sur le gréement du bateau qu’il s’agit de sauver. D’énormes câbles soutiennent un jeu de lumières incandescentes à l’usage sous-marin ; enfin, d’ingénieuses machines permettent aux sauveteurs d’éteindre un navire en flammes sans en inonder la coque ou les œuvres basses. Des veilleurs de nuit communiquent par le téléphone avec les bureaux de la compagnie, où un service d’employés se tient, nuit et jour, à la disposition du public.

On a vu que la société n’a pas pour but de réaliser des bénéfices. Aucun dividende n’est distribué à ses membres. Les profits que ses statuts l’autorisent à réaliser sont uniquement affectés à payer ses dépenses et à entretenir son personnel. On aura une idée des services qu’elle rend à la navigation et aux assureurs par le nombre même des travaux qu’elle a entrepris en 1888. Elle a accompli 364 opérations de sauvetage, soit une par jour.

Peut-être ne faudrait-il pas ranger au nombre des institutions essentiellement humanitaires la Liverpool licensed victuallers Association, qui ne compte pas cependant moins de soixante ans d’existence. Elle a pour objet de protéger les intérêts des hôteliers, débitans de boissons fermentées, propriétaires de public houses, de tous ceux, en un mot, qui sont en possession d’une license pour la vente des vins et des liqueurs alcooliques. Il est à peine besoin de dire que c’est là une industrie qui a pris en Angleterre un développement considérable. On conçoit que les intéressés aient eu la pensée de former un syndicat professionnel prêt à combattre énergiquement toutes les mesures qui pourraient être de nature à entraver l’exercice de leur profession. Sans parler des sociétés de tempérance qui font à ces industriels une guerre acharnée, la chambre des communes a été saisie pendant la session dernière d’un certain nombre de projets qui ne sont rien moins que favorables à ceux que nous appellerions en France les marchands de vin. C’est ainsi que le bill Stephenson ayant pour objet de