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provoquer la fermeture des public houses le dimanche, sur toute l’étendue du territoire, a subi avec succès l’épreuve de la seconde lecture. L’association s’est émue ; le 20 juin 1889, un important meeting protestait à Liverpool contre tout obstacle qui pourrait être apporté à l’exercice des « droits et des privilèges des classes ouvrières » pendant les jours fériés. L’assemblée invitait les représentans du Lancashire à apporter, au moment du vote définitif, le concours de leurs suffrages aux adversaires du bill. En résumé, la licensed victuallers association n’a guère été instituée que pour tenir tête, par tous les moyens possibles, aux assauts qu’on livre un peu partout à sa clientèle. Ne nous affligeons pas trop du succès de sa résistance ; le remède est souvent à côté du mal. Nous allons voir à quels remarquables résultats sont arrivées de leur côté les institutions de bienfaisance.

La « Société centrale de charité et de secours » de Liverpool a été fondée pour venir en aide aux nécessiteux. Elle obtient de la générosité publique les fonds qui alimentent sa caisse ; elle participe à toutes les bonnes œuvres, et, à côté de l’établissement de caractère officiel que dirige le conseil communal de la ville, poursuit avec le plus grand dévoûment l’amélioration du sort des malheureux. La compagnie a établi un de ses représentans dans chacun des districts de la cité ; c’est ce personnage qu’elle charge de visiter les pauvres, de lui adresser des rapports et de distribuer les aumônes. Les secours qu’elle alloue sont quelquefois très élevés ; ils doivent, avant tout, rester temporaires. En 1888, l’association a accordé des subsides à 10,988 individus ; elle a procuré de l’ouvrage à 1,409 personnes ; elle a prêté son concours à des fondations similaires dans 3,945 cas. Au contraire, elle a rejeté 3,188 requêtes provenant de solliciteurs indignes ou déjà secourus par les comités des paroisses. Ce sont les ouvriers des docks, les hommes de peine, les charretiers, les mécaniciens, les apprentis et les employés de boutique qui ont, d’habitude, la plus large part de ses libéralités. Le montant total des sommes distribuées s’est élevé, dans l’année, à 2,367 livres sterling, soit environ 60,000 fr. La société a, en outre, fourni des fonds aux émigrans, alimenté les caisses publiques de bienfaisance, remis aux directeurs de dix écoles élémentaires le prix de 14,500 penny dinners, modestes repas à dix centimes, composés de pain et de soupe, qu’on délivre gratuitement aux enfans pauvres, en quantités prodigieuses.

Il ne faudrait pas croire que la société dont nous venons de décrire rapidement l’organisation soit la seule institution de ce genre que l’initiative privée ait créée à Liverpool. Il existe, dans cette grande ville, onze associations conçues sur le même modèle, fondées d’après les mêmes principes, reposant sur les mêmes