Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 100.djvu/795

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bases. Elles sont plus ou moins importantes, mais elles s’appliquent, avec un zèle égal, à soulager les effroyables misères que cachent, ou plutôt que montrent à nu les agglomérations d’êtres humains en Angleterre. Les marins, cela va sans dire, sont l’objet d’une sollicitude toute particulière. Prenons, parmi les cinq ou six sociétés qui se sont imposé la tâche de veiller sur eux, sur leurs familles ou sur leur vieillesse, l’une des plus considérables, « l’Œuvre des pensions de retraite » dont le but est de servir de modestes rentes aux vieux matelots du port que l’âge et les infirmités ont laissés sans ressources. Ici, nous allons toucher du doigt les bienfaits de la charité privée. L’un des directeurs d’une des grandes compagnies transatlantiques a fait don à l’association, qui possédait déjà un capital respectable, d’une somme de 500,000 fr. Aussi l’administration a-t-elle été en mesure de servir, en 1888, jusqu’à 22,500 francs de pensions à dix-huit officiers, quatorze maîtres et onze simples matelots. Conformément aux conditions imposées par les statuts, les bénéficiaires avaient dépassé la cinquantaine, n’étaient plus en état de servir à la mer et comptaient, dans la marine marchande, vingt-cinq ans de navigation au minimum. « L’Œuvre des pensions de retraite » est appelée à prendre un développement incalculable. C’est une institution de premier ordre, essentiellement philanthropique, exempte de toute préoccupation d’intérêt particulier ; elle rend les plus utiles services au personnel maritime des ports, et, par cela même, au commerce de la Grande-Bretagne.

Ne quittons pas encore les marins ; aussi bien, nous allons les voir chez eux, c’est-à-dire dans le très bel immeuble qui leur sert de domicile et dont la construction est entièrement due à la générosité des armateurs et des négocians de Liverpool. Le Sailors’ home, situé en face de la poste centrale, à quelques pas de la Mersey, est un bâtiment de forme rectangulaire ayant environ 24 mètres de façade, 25 de hauteur et 50 de profondeur. Au rez-de-chaussée se trouvent les bureaux occupés par les employés de la section du Board of trade. Une salle d’attente assez vaste communique avec le Shipping office, sorte de commissariat de la navigation où les marins en quête d’emploi viennent signer leurs engagemens. Un hall immense absorbe la partie centrale de l’édifice. Des gardiens, des policemen s’y tiennent en permanence, reçoivent et accompagnent au besoin les visiteurs. Un escalier en fer conduit aux sept étages de l’établissement. Au premier, nous rencontrons un magasin où les pensionnaires de l’hôtel peuvent s’approvisionner, aux plus bas prix, de tout ce qui leur est nécessaire. L’administration leur fournit, s’ils le désirent, mais sans qu’aucune pression soit exercée sur eux, les bottes et les manteaux de mer, les