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derniers le parlement prussien, son Landtag, par un discours où il se retrouve tout entier avec son geste, son allure décidée, son accent d’impérial et impérieux réformateur.

Cette session qui vient de se clore, en effet, elle a été marquée par les deux réformes auxquelles Guillaume II attachait le plus de prix, qu’il a proposées et réalisées par les ministres de son choix, le nouveau ministre des finances, M. Miquel, et le nouveau ministre de l’intérieur, M. Herrfurth. L’une de ces réformes n’est qu’un commencement, elle a pour objet une réorganisation ou un remaniement des impôts dans la pensée d’une répartition plus équitable, peut-être aussi plus profitable des charges publiques ; l’autre est une réorganisation du régime municipal conçue et poursuivie dans l’intention d’affranchir les populations rurales des vieilles tutelles féodales et de les rattacher plus directement à l’État. Ce qui fait le caractère commun de ces réformes, ce qui a plu à l’empereur ou ce qui ne l’a pas arrêté, c’est qu’elles procèdent d’une idée de démocratie césarienne ; c’est ce qui explique aussi la résistance que la réforme municipale, tout au moins, a rencontrée parmi les vieux propriétaires, dans l’aristocratie terrienne, résistance qui a pris la forme d’une animosité acerbe, injurieuse, personnelle, contre le ministre de l’intérieur, traité en parvenu révolutionnaire. Un des membres de la chambre des seigneurs, le comte Hohenthal, s’est notamment emporté à de véritables outrages contre M. Herrfurth. Loin de laisser soupçonner quelque complaisance pour cette opposition, le souverain s’est plu, au contraire, à soutenir son ministre de l’intérieur et la mesure qu’il a fait triompher, — « cette mesure, a-t-il dit, qui rattache mon peuple à ma maison, à ma monarchie. » Il a même honoré publiquement de ses faveurs le comte Schulenburg, qui avait vivement relevé les injures du comte Hohenthal. Il a fait de la cause de M. Herrfurth sa propre cause. Ainsi, la réorganisation communale, la réforme des impôts, la paix religieuse rétablie par la restitution définitive au clergé catholique de ses traitemens confisqués, c’est là l’œuvre saillante de cette session que l’empereur s’est plu à relever. S’il y a des ombres au tableau, s’il reste dans la situation économique de l’Allemagne des difficultés que le maintien du droit sur les blés n’est pas propre à adoucir, le jeune souverain n’en a voulu rien voir. Il a tenu à n’exprimer qu’une pensée de satisfaction et de confiance, à se séparer de son parlement en lui faisant ses complimens ; il les a faits !

Cela dit, Guillaume II n’a plus qu’à suivre ses désirs, à entreprendre ses excursions. Il a son programme tout tracé, il est prêt à partir, et cette fois il voyage en grand appareil, avec l’impératrice, avec tout un cortège officiel. Il commence, à ce qu’il paraît, par s’arrêter en Hollande, pour visiter la régente et la petite reine à Amsterdam, où des fêtes l’attendent. Puis il cinglera vers l’Angleterre, où il doit passer