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ont été menées strictement comme des entreprises industrielles ; mais les bénéfices, au lieu d’aller à des actionnaires, personnes privées, ont profité à tous les consommateurs qui se sont trouvés en quelque sorte actionnaires de la même entreprise par le seul fait qu’ils étaient consommateurs et qui ont participé aux bénéfices sous forme de réduction de tarifs. En un mot, les comités de l’eau et du gaz se considèrent comme des conseils d’administration dont l’objectif principal est de faire prospérer l’entreprise ; leur gestion est une gestion commerciale. Ainsi cette année même, le comité de l’eau, s’autorisant de cette circonstance qu’il ne saurait taire concurrence à l’industrie privée, qui n’a pas encore exploité le terrain sur lequel il veut s’avancer, a l’intention de créer une usine centrale pour la distribution de la force hydraulique à domicile ; son idée est d’abord de fournir à meilleur marché une force que chaque intéressé est à l’heure actuelle obligé de produire soi-même à grands frais, ensuite de faire des profits qui seront employés au mieux de l’intérêt général. — Lorsque le gaz est devenu entreprise municipale, le conseil municipal a accordé au nouveau département du gaz le terrain nécessaire pour se construire des bureaux, à cette condition qu’avec les bénéfices de l’exploitation du gaz, il bâtirait un musée des beaux-arts. Ce musée existe aujourd’hui ; il a coûté un million de francs, et l’on a pu écrire à l’entrée : « r Nous employons les bénéfices de l’industrie à encourager les arts. » — Grâce à ce système, qui consiste à appliquer aussi exactement que possible les principes de l’exploitation d’une industrie quelconque à la direction des entreprises municipales, la ville de Birmingham a été transformée en vingt ans, dotée de beaux monumens, de riches bibliothèques, d’excellentes écoles, de bains publics, d’une canalisation souterraine très complète, sans que sa dette atteignît en 1885 le chiffre de 75 millions de francs : et cette dette était largement garantie et compensée par les immenses propriétés de la ville.

On aura une idée exacte de l’augmentation de bien-être produite, pour toute la population de la cité, par les mesures dont nous venons de citer les principales, en jetant les yeux sur les chiffres suivans : à Birmingham, où la densité de la population est de 54.1 personnes par acre, et n’est dépassée que par Liverpool (116.4), Londres (58.3), Glascow (86.4), Manchester (63.9), le taux de la mortalité est de 19.9 par 1,000, tandis qu’il est de 23.7 à Liverpool, 29.8 à Manchester, 26.7 à Newcastle-on-Tyne, etc. En 1873, avant les grands travaux d’assainissement et de viabilité, le taux de la mortalité était à Birmingham de 24.8, presque 25 pour 1,000, en 1889 il était descendu à 19.7. On a calculé que, si le taux de