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L’empereur, tout plein de l’idée d’en finir sur-le-champ en Espagne en y envoyant de très grandes forces, sans rien distraire cependant de celles qui étaient encore en Autriche, commença par faire marcher vers les Pyrénées tous les corps, tous les renforts qui se dirigeaient vers le Danube. Dans sa pensée, le chiffre des renforts destinés aux armées d’Espagne était de 150,000 hommes, et, comme élément de victoire plus important encore, il songeait à aller reprendre lui-même la direction des opérations dans toute la Péninsule. Les victoires d’Almonacid, de Medellin, d’Ocaña, la prise de Girone, et surtout l’avis de l’arrivée prochaine de ces renforts avaient relevé le courage du roi Joseph et de son état-major. Le roi demandait avec instances de faire immédiatement une expédition en Andalousie. Le maréchal Soult, qui, depuis Oporto, n’était plus du tout pressé de rencontrer, les Anglais, appuyait la proposition du roi. L’empereur hésitait.

Son avis était qu’il eût été préférable de chasser, avant tout, les Anglais du Portugal, de leur enlever Lisbonne, de les contraindre à se rembarquer et de leur fermer ensuite tous les ports.

A cela, on objectait qu’il fallait préalablement s’emparer de Cadix, car si, en perdant leur base d’opération de Lisbonne, les Anglais en trouvaient une autre à Cadix, l’on aurait remplacé une difficulté par une autre. Le roi Joseph assurait, d’après les renseignemens qu’il avait recueillis, que l’Andalousie serait conquise et Cadix pris avant un mois ; qu’il était préférable de n’entrer en opérations dans les montagnes de la vallée du Tage qu’après l’hiver.

L’empereur finit par se rendre à ces raisons et autorisa l’expédition à laquelle devaient prendre part les 1er, 4e et 5e corps et, comme réserve, la division Dessoles. Le 2e corps (ancien corps du maréchal Soult) devait occuper la haute vallée du Tage, vers Alcantara, pour observer les Anglais, qui, après le combat de l’Arzobispo, s’étaient retirés vers Lisbonne et Coïmbre. Le roi Joseph allait disposer, après l’arrivée des renforts, d’environ 60,000 hommes pour franchir la Sierra-Morena et entrer en Andalousie.

Le général Areizagua commandait devant nous les débris de l’armée espagnole réduite à 25,000 ou 30,000 hommes.

Le 4e corps (Sebastiani) s’avançait par la route de Valence, sur Sanroute et Villa-Manrique. Le 5e corps (Mortier) suivait la route de Séville. Le 1er corps prenait la route d’Almaden, afin de tourner le défilé de Despeña-Perros que le maréchal Mortier abordait de front. Nous devions ensuite descendre sur le Guadalquivir entre Baylen et Cordoue.

Nous nous mîmes en marche le 13 janvier 1810. Nous fûmes