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J’assistai à une course de taureaux. Huit de ces animaux et beaucoup de chevaux y périrent ; des hommes coururent les plus grands risques d’y perdre la vie. Cette fête déplut aux Français, mais elle fit les délices des Espagnols.

Le 7 juin, nous quittâmes Santa-Maria pour aller occuper San-Lucar de Barrameda, à l’embouchure du Guadalquivir. Nous fûmes cantonnés dans cette petite ville, qui est, pour ainsi dire, le port de Séville. C’est là que mouillent les navires en provenance ou à destination de cette ville. La population de San-Lucar est, en grande partie, composée de pêcheurs.

Pendant mon séjour à San-Lucar, un navire espagnol, chargé d’huile d’olives, descendit le Guadalquivir, venant de Séville et mouilla devant San-Lucar. Comme je soupçonnais qu’il avait l’intention de porter son huile à Cadix, je le fis arrêter et le plaçai sous la garde de corsaires français, mouillés devant le fort, près de l’embouchure de la rivière. Le capitaine, contrarié, vint chez moi et m’offrit de l’argent pour le laisser passer. Je le mis à la porte et je fis mon rapport à l’état-major-général. On envoya un officier-général, qui reçut ce capitaine, causa avec lui et l’autorisa à partir. Une heure après, on expédia un corsaire, pour le surveiller, parce que, disait le général, il lui avait affirmé et bien promis qu’il n’irait pas à Cadix. Avant que le corsaire eut pu le rejoindre, ce navire était sous la protection de la flotte ennemie, et nous le vîmes tous mouiller devant Cadix.

Le 21 juin, je rentrai à Santa-Maria. Nous en repartîmes le 20 juillet pour retourner au camp du Trocadero. Nous travaillâmes à la construction de batteries nouvelles. On se canonnait journellement de part et d’autre sans grand résultat. Tout ce tapage n’aboutissait à rien. Nos batteries étaient trop éloignées de Cadix pour l’atteindre efficacement. On avait essayé de nouveaux mortiers à la Villentrois, de 8 pouces, qui lançaient, disait-on, des bombes à 3,200 toises ; mais on ne put réussir à les faire éclater.

Le 5 novembre, je fus camper avec mon bataillon entre les deux ponts du Santa-Maria. Une flottille française, organisée dans le Guadalquivir et venant de San-Lucar, tenta de venir à Santa-Maria. Elle soutint un combat en plein jour contre celle des ennemis. Protégée par le fort Sainte-Catherine et les batteries de terre, elle passa sous le feu des vaisseaux sans trop de pertes et vint mouiller dans le Guadaleté.

Je restai quinze jours à Santa-Maria et retournai ensuite, avec mon bataillon, au camp du Trocadero.

Pendant ce temps, notre flottille avait pu se rendre, en longeant