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et humanitaire qui approuvent ou excusent une politique dont le résultat le plus clair est de faire plier le peuple sous le faix d’impôts insupportables. Si, par exemple, M. Gladstone, qui a tant fait pour l’Italie, pouvait passer quelques heures à interroger les malheureux émigrans qui, hâves et défaits, se pressent sur les quais du port de Gênes, si ce sincère ami de l’Italie entendait ces pauvres familles raconter par quelles épreuves elles ont passé, quelles souffrances elles ont supportées avant de se décider à quitter leur patrie, il ne donnerait probablement plus à la triple alliance une approbation aussi entière que celle qu’on lui prête.

Examinons maintenant l’état et l’importance des productions de l’Italie. Les principales de ces productions sont, on le sait, celle de l’agriculture et des industries qui en dépendent directement.

Il n’est pas facile d’avoir des chiffres exacts des productions agricoles. Les vrais statisticiens, comme M. de Foville et M. Bodio, font d’amples réserves à ce sujet[1], mais faute de mieux, on peut citer ces chiffres, en remarquant qu’ils ne sont que grossièrement approchés.

La production du froment en Italie a été de 47 millions d’hectolitres en 1890[2]. Comme terme de comparaison, il est utile de rappeler qu’en France, sauf l’année 1888, qui a donné seulement 99 millions d’hectolitres, on a eu de 1884 à 1889 une production qui s’éloigne peu de la moyenne annuelle de 110 millions d’hectolitres. Ajoutons qu’en Italie la production du froment est de 10 à 11 hectolitres par hectare, tandis qu’en France elle atteint 15 à 16 hectolitres.

L’Italie produit du vin en abondance, un peu plus que ce qu’en produit la France, depuis les ravages du phylloxéra[3]. Il n’y a, bien entendu, rien de comparable en Italie aux grands crus français. Seul le vin de Toscane est un bon vin de table, d’un type se rapprochant de ceux que produit la France. D’autres crus, comme le Genzano (province de Rome), le Barolo, le Capri, ne sont pas sans mérites. Enfin tout le monde connaît le Marsala, comme vin de liqueur.

Les vins du midi de l’Italie sont surtout des vins de coupage; on en exportait beaucoup en France, avant la rupture du traité

  1. De Foville, le Vin, p. 12 et 13; Bodio, loc. cit., p. 41 et 42.
  2. 39 millions en 1887, 38 en 1889, 47 comme moyenne de la période de 1879 à 1883, et 50 de 1870 à 1874. Ce sont là les chiffres récemment corrigés par la direction générale de l’agriculture. (Voir Notizie di statistica agraria, 1891, et Bodio, loc. cit.)
  3. En 1885, la production du vin a été, pour la France, de 29 millions d’hectolitres et pour l’Italie de 25; en 1886, la France en donne 25 et l’Italie 38; en 1887, la France, 24 et l’Italie 35; en 1888, la France 30 et l’Italie 33; en 1889, la France 23 et l’Italie 22. En 1890, l’Italie 37.