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faire explosion selon la volonté des opérateurs ; enfin la troisième ligne était composée de ballons dont l’explosion amènerait de formidables « tremblemens d’air » à intervalles d’une ou deux heures. On dut toutefois renoncer à tirer grand parti des cerfs-volans : le vent les brisait sans cesse, ou bien rompait le fil électrique, et la pluie de dynamite qui en était le résultat pouvait incommoder les opérateurs eux-mêmes, pour ne pas parler du bétail que ce spectacle inusité effarait quelque peu. Le but du général Dyrenforth était d’imiter « une grande bataille » avec coups de canon et bombes éclatant dans l’air, et au point de vue du tapage, il se déclara satisfait du résultat obtenu. L’expérience commença le 9 août : on ne fit agir que la première ligne. À 5 heures du soir, première série d’explosions qui dura une heure, et recommença à 7 heures pendant un temps plus court. Le temps était beau ; la nuit fut paisible : mais à midi, le jour suivant, des nuages arrivaient, et, durant l’après-midi et la soirée, dit le général américain, une pluie épaisse s’abattit sur le sol, lequel, ayant sans doute perdu l’habitude de boire, fut, dans tous les endroits creux, converti en torrens impétueux, et en petits lacs. Le pluviomètre indiqua cinq centimètres : c’était une fort bonne pluie.

Le 18, on recommença. Dès la veille au soir, on avait mis la première ligne en action, et aussi la troisième, et durant toute la nuit la bataille continua sans interruption. La matinée du 18 fut claire et belle ; le ciel et le baromètre ne présageaient que le beau temps : mais vers la fin de l’après-midi des nuages se formèrent dans le sud et l’ouest, et à cinq heures du soir, les servans de la première ligne, qui n’avaient cessé de faire parler poudre et dynamite, durent abandonner la partie et accourir à toutes jambes vers le quartier-général, chassés par une pluie torrentielle qui, durant deux heures et demie, se déversa sur toute la région avoisinante. Le même soir, le général se rendit en voiture à la station du chemin de fer, à quelque quarante kilomètres de distance, et pendant dix ou quinze kilomètres la route était inondée ; l’eau y formait, d’après lui, une couche ayant de dix centimètres à un mètre de profondeur.

Le 25 enfin, la dernière expérience fut tentée. Ce jour, le baromètre était légèrement au-dessous de son niveau habituel ; le vent soufflait du sud-est comme de coutume, avec une vitesse de plus de 28 kilomètres par heure, et le ciel était clair ; pourtant quelques cumulus se voyaient çà et là à plus de trois kilomètres de hauteur. On employa sept ballons, les plus grands, remplis d’oxygène et d’hydrogène, qui firent explosion à des altitudes variant entre 1,500 et 45 500 mètres. Toute l’après-midi et une partie de la